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19-12-2023

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Les maisons à patio

 

Les maisons à patio: Continuités historiques, adaptations bioclimatiques et morphologies urbaines - Samir Abdulac - Vice-président d’ICOMOS France
abdulac@@@wanadoo.fr
http://openarchive.icomos.org/1160/1/II-1-Article6_Abdulac.pdf

 

Maison à Patio, maison à cour, maison été-hiver

Maisons de bassin méditerranéen

Par Joan Salvat-Papasseit

Source : http://www.meda-corpus.net/libros/pdf_livre_atm/atm_frn/02-atm_frn.pdf 

http://www.meda-corpus.net/libros/pdf_livre_atm/atm_frn/01-atm_frn.pdf 

http://www.meda-corpus.net/libros/pdf_livre_atm/atm_frn/00-atm_frn.pdf 

 

Extrait du livre "Architecture Traditionnelle Méditerranéenne"

Ce projet est financé par le programme MEDA de l'Union Européenne.

 

Maison élémentaire

Maison compacte/complexe

Maison à patio

Maison à cour

Maison à jardin

Maisons hiver/été

Maison et défense

Maison évolutive/définitive

Maison nomade/troglodytique

 

Extraits :

 

MAISON A PATIO

Depuis l’Antiquité le patio apparaît ou se transfère dans toutes les grandes civilisations méditerranéennes. En effet ce wested-dar (le centre de la maison) des peuples arabo-musulmans a déjà centré la maison en Mésopotamie, en Egypte, en Phénicie, en Etrurie, chez les Grecs et les Romains (dont la domus, probablement déjà héritière de synthèses indo-européennes, laissera l’influence de son code dans le Moyen-Âge tant latin qu’arabo-musulman)... Patio qui a d’ailleurs été une référence de tout premier ordre pour les grands architectes du XXe siècle et que Mies van der Rohe notamment incorpore avec sagesse. Le parcours que chacune de ces maisons, à différentes époques, a fait pour y parvenir n’a pas été certes le même : peut-être depuis le iwan probablement anatolien pour les Etruriens, ou dans le sillage des millénaires maisons d’Ur pour la maison grecque à Priène. L’expression finale à laquelle chaque culture est parvenue pour exprimer ce coeur domestique a été aussi teintée de toutes les couleurs. Il reste cependant une même vocation, un même esprit, un même sentiment que les mots de Georges Marçais pourraient nous faire approcher : « On est chez soi dans la maison, on est chez soi dans la cour, avec un morceau de ciel qui n’appartient qu’à vous. » Le patio ne cache rien, il met en valeur l’intimité et se connecte avec le ciel, le spirituel, le cosmos. Il défend l’intériorité autant que, dans l’Antiquité, il aidait à créer l’espace rassurant, domestiqué, dans un paysage aux mille horizons inconnus et toujours secoués.  

Les deux exemples ci-après, maison de la Casbah d’Alger et maison à Chefchaouen (Maroc), nous montrent deux traits importants. Dans le cas de la Casbah (1), la force de la tradition et des mœurs locales où, bien que l’on puisse retrouver des traces et gestes turcs, c’est le local qui l’emporte au moment de modeler la maison qui, sous la contrainte d’espace du site, grimpe avec grâce et singularité vers le ciel. Dans le cas de l’exemple du Maroc (2), cette architecture que l’on pourrait appeler d’aller et retour, transitant entre le Maghreb et l’Andalousie, nous montre, harmonieusement composées, couplées jusqu’à quasiment se fondre, toutes les traces de ces riches métissages méditerranéens.

 

MAISON A COUR

Ce n’est pas un hasard si une langue précise comme le français n’a pas hésité à accueillir le mot patio pour nuancer cet écart, parfois très subtil, parfois très net qui existe entre cour et patio. On retrouve toujours la même vocation de confiner un morceau d’extérieur et de le rendre particulier, mais le résultat est nettement moins dense et certainement plus ambigu. Certains aspects déterminent et renforcent ces différences :  

– l’échelle qui déforme autant les matérialités (corps du bâti, bâtis/individus,... que les immatérialités (regards, voix,...),  

– la position parfois décentrée de la cour par rapport au bâti (ce qui complique, voire empêche, la relation d’égalité et d’équilibre entre les différents espaces et individus),  

– la présence d’une clôture (c’est-à-dire l’absence de la continuité du mur à habiter, comme Hassan Fathy définissait les pièces entourant le patio),  

– la promiscuité et la quantité des activités (agricoles, productives) qui s’y déroulent comme celle des individus (personnes, animaux) qui y cohabitent (ce qui génère une modulation toute différente et singulière),  

– et finalement le traitement de cet espace, du point de vue de sa composition comme de sa texture.  

La cour, aussi bien dans l’exemple de la ferme à Chypre (1) (où la clôture, plus que le bâti, devient décisive pour dessiner la cour) que dans la maison en Jordanie (2) (maison à cour quasi-patio), reste une expression très commune dans toutes les régions et un geste sans équivoque de la volonté d’apprivoiser l’extérieur et de récréer un espace propre. Même dans les constructions légères, également dans les nomades, ce besoin se manifeste et diverses solutions sont mises en oeuvre pour y satisfaire. La cour reste certes l’évolution du geste primitif que tout homme essayait, à l’aide de quelques cailloux, branches,... pour rendre personnel un morceau de l’anonyme espace total. 

 

MAISON A JARDIN

Malgré les pluies maigres et irrégulières de beaucoup de zones du Bassin aux paysages souvent assoiffés, le jardin, les arbres, les fleurs et l’exubérance de couleurs et parfums domestiqués ont été depuis l’Antiquité associés à l’habitat méditerranéen de façon plus ou moins excellente ou discrète. Depuis les jardins de Babylonie, que les Grecs considérèrent comme l’une des Sept Merveilles du monde, en passant par les jardins tant parfumés que productifs de la maison égyptienne, par ceux accolés au péristyle romain ou par les grands jardins des villas d’été des pachas ou des raïs dans le Maghreb, la maison méditerranéenne apprivoise d’abord l’espace, puis le Méditerranéen y répand couleurs et arômes. L’économie traditionnelle trouve dans ce jardin, souvent plus grand en surface que la maison, la jouissance, une efficace régulation bioclimatique, mais aussi sa survie. Des légumes, des végétaux, des plantes qui guérissent et toujours des fruits étoffent et complètent cette oasis particulière. 

La maison à jardin de Mugla, Turquie (1), ci-après, et en général la maison turque déclinent parfaitement cette notion de jardin complet dans ses fonctions et généreux en beauté et en exubérance. La maison s’élance sur le jardin à travers son sofa qui ouvre la maison tous azimuts sur celui-ci. Ce n’est sûrement pas un hasard si c’est en Turquie que cette maison à jardin, qu’elle soit modeste ou noble, s’exprime avec plénitude. Les influences des civilisations situées au-delà de la Méditerranée orientale n’y sont pas pour rien. Les jardins de soie des tapis, les beaux carrelages floraux ou les miniatures coloriées des livres médiévaux perses, où la maison à jardin représente le « paradis », nous indiquent une source généreuse. Soliman le Magnifique, sous la direction de qui une remarquable synthèse des traditions turques, islamiques et européennes a été produite par ses artistes et penseurs, écrivait : « ... si tu espères être admis au jardin du Paradis pour y trouver l’amour et la grâce. »  

 

 MAISONS HIVER/ETE

« L’été, la tente est trop chaude, les flij donnant de l’ombre mais n’arrêtant pas la chaleur. Aussi les semi-nomades la plient et lui préfèrent une hutte légère faite de diss sur une carcasse de branchages, le khoçç. Ainsi avons-nous rencontré près de Bir Amir 17 khoçç de la fraction des T rarma installés là au mois d’août, alors que nous les avions trouvés vingt kilomètres à l’est et sous la tente, fin mars. » Ces quelques lignes d’André Louis illustrent richement cette minutieuse adaptation de la maison méditerranéenne aux saisons mêmes. Depuis l’Antiquité, nombre de documents ont décrit la maison d`été, la maison de campagne, souvent contrepoint des mondes rural et urbain. Pline écrivait dans ses Epistolae : « ... Pas de protocole, pas d’impertinents à la porte, tout est tranquille et calme, la bonté du climat rendant le ciel plus serein et l’air plus pur, je sens mon corps plus sain et mon esprit plus libre... » Bien que très loin du cadre luxueux de Tusci décrit par l’historien romain, les exemples de Ghardaïa en Algérie (1. 2.) et de Sfax en Tunisie (3. 4) nous ramènent aussi à une ambiance où le calme, la jouissance et un certain relâchement des mœurs et de la rigidité urbaines sont fortement présents et rendent le moment de cette transhumance saisonnière attendu et désiré.  

 

Notons dans le cas de Ghardaïa la déformation que subit le plan de la maison d’été. Installée en plein cœur de la palmeraie, que les mozabites ont créée en faisant pousser depuis le premier jusqu’aux plus de sept cent mille palmiers actuels, la maison s’adapte et surtout se profile à travers ces palmiers en les respectant, les intégrant souvent dans le patio. Ils deviennent ainsi des habitants à part entière, chéris et gâtés.  

Dans le cas de Sfax, la maison d’été, en campagne, loin de la protection de la médina et dans ce cas de ses remparts rassurants, prend elle-même la forme d’une forteresse. Son nom en arabe, bordj, renvoie à cette idée de fortification. Son volume compact, ses façades quasiment closes autant que ses franchissements voûtés définissent sans ambiguïté cette idée. Dans les deux cas, bien que porté à la surface minimale, le patio reste omniprésent.  

 

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La maison urbaine à patio, réponse architecturale aux contraintes climatiques du milieu aride chaud
http://www.jle.com/e-docs/00/04/8C/12/article.phtml

 

 

Auteur(s) : Meriama Bencherif, Salah Chaouche, Université Mentouri Département d’architecture et d’urbanisme Laboratoire Urbanisme et environnement Campus Hamani Route Aïn El-Bey 25000 Constantine Algérie.

Résumé : Les performances climatiques des formes urbaines dans les régions arides chaudes commencent à l’échelle de la ville, pour se poursuivre à celle du bâti qui assure la protection, l’inertie et l’ombre. Parmi les éléments régulateurs figure le patio, omniprésent du Maroc à la Chine. Sous ses diverses formes, il constitue un modérateur du microclimat intérieur des habitations. Pourtant, la maison à patio a été délaissée et critiquée. Son abandon s’est fait au profit de modèles réputés plus urbains, mieux ancrés dans la tradition occidentale. Si cet article réhabilite quelque peu cette forme architecturale, c’est que, par ses qualités intrinsèques d’adaptation au climat désertique, elle mérite des applications plus étendues et un réajustement approprié, dans le cadre d’un habitat individuel dense et groupé, indépendant de l’héliocentrisme.

Mots-clés : bioclimat, développement durable, maison à patio, milieu aride
Auteur(s) : Meriama Bencherif meriama60@yahoo.fr, Salah Chaouche salahchaouche@yahoo.fr

Université Mentouri Département d’architecture et d’urbanisme Laboratoire Urbanisme et environnement Campus Hamani Route Aïn El-Bey 25000 Constantine Algérie

Tirés à part : M. Bencherif
L’homme a toujours cherché à se protéger des rigueurs du climat en créant à l’intérieur de son habitat les conditions d’un relatif confort. Les populations soumises à des conditions extrêmes ont été, dans l’histoire, de remarquables inventeurs de dispositifs architecturaux adaptés au milieu, comme l’igloo de l’Eskimo, la maison sur pilotis du Malais ou la maison à patio du sud de la Méditerranée. Dans tous les cas, l’adaptation aux conditions climatiques a suivi un long processus, où des éléments culturels et religieux se sont insensiblement mêlés au patrimoine technique reposant sur un savoir empirique (Izard et Guyot, 1979). Mais qu’est devenu l’enseignement des Anciens ? Trop souvent le présent l’ignore, au profit d’un recours irréfléchi à la technologie et à l’air conditionné, censé compenser les excès du climat local en faisant abstraction de la nature. Pourtant, si l’on veille à intégrer les exigences actuelles dans les conceptions traditionnelles, nombre de ces dernières ont encore toute leur place dans une architecture contemporaine soucieuse du lieu sur lequel elle s’édifie.

De fait, on trouve dans l’architecture vernaculaire du domaine aride chaud des techniques de construction ancestrales (Frey, 2010), fondées sur les énergies naturelles, qui permettent aux bâtiments de répondre au contexte climatique. Bien que la chaleur soit difficilement supportable en été dans le désert, les habitants jouissent à l’intérieur de leurs demeures de conditions de vie confortables, grâce à une bonne compréhension du milieu et à une adaptation réussie à ses contraintes. Plutôt urbaine que rurale, la maison à espace central ouvert, ou patio (Edwards et al., 2006 ; Rabbat, 2010), représente au Sahara la forme architecturale type, d’autant qu’elle est favorisée par l’usage de matériaux locaux isolants, adaptés au climat, tels que le toub (brique sèche), le timchent (plâtre traditionnel, de couleur grise, obtenu à partir d’un gypse hydraté de la Chebka, utilisé pour le parement ou le remplissage) et le béton de terre stabilisée, ou BTS (Bencherif, 1996).

Les pages qui suivent se proposent de rassembler quelques réflexions sur la maison urbaine à patio, avec un triple objectif : cerner ses avantages pour le contrôle de l’environnement domestique, essayer de comprendre pourquoi elle est tombée dans un relatif discrédit et tracer les contours de l’évolution qui devrait la faire revenir en grâce. La majorité des exemples seront fournis par le Sahara algérien, les autres étant empruntés au Proche et au Moyen-Orient.

L’homme et les contraintes du milieu aride chaud

La station d’In Salah, au centre-sud du Sahara algérien (27° 23’ N, 02° 46’ E, 269 m), peut aider à caractériser le milieu aride chaud, largement déterminé par la présence presque permanente des anticyclones subtropicaux (Pagney, 1994 ; Warner, 2004). Des rayons solaires faisant avec l’horizontale un angle toujours fort, un trajet atmosphérique de ces rayons plus réduit qu’à de plus hautes latitudes et une très faible nébulosité font que, nuit et jour confondus, les températures moyennes annuelles atteignent un niveau très élevé (25,4 °C). Mais si l’été est torride, une certaine fraîcheur règne en hiver : les températures moyennes mensuelles s’échelonnent de 13,0 °C en janvier à 36,5 °C en juillet. En outre, le contraste moyen entre le jour et la nuit est assez élevé (14,7 °C en janvier, 15,6 °C en juillet). Mais, dans ce contexte plus que n’importe où à la surface du globe, les dispositions moyennes ne donnent qu’une image très imparfaite du climat car les extrêmes peuvent, de temps à autre, prendre des valeurs considérables (Péguy, 1970). D’une part, les latitudes subtropicales arides possèdent les points les plus chauds de la planète (55 °C à Kébili, dans le Sud tunisien, le 7 juillet 1931). D’autre part, la limpidité de l’air favorise un taux élevé de rayonnement nocturne, au point que la température baisse quelquefois de 30 °C en quatre ou cinq heures ; il s’ensuit que, certaines fins de nuits d’hiver, le thermomètre descend sous abri au-dessous du seuil de gel, surtout en altitude (jusqu’à - 10 °C dans le Tibesti, - 7 °C à Tamanghasset, - 6 °C à Béchar et Béni Abbès). À ces excès thermiques s’ajoutent une humidité relative très basse aux heures les plus chaudes, au moins dans les endroits les plus marqués par la continentalité, une radiation solaire intense et des vents desséchants, souvent chargés de sable ou de poussières. En outre, au sein d’un air à ce point voué à la subsidence, les précipitations ne peuvent être que rares et très irrégulières : à In Salah, la lame d’eau moyenne annuelle, calculée sur la période 1973-2012, ne dépasse pas 33,6 mm, avec des extrêmes de 0 et 224,9 mm.

La recherche du confort thermique

Pour assurer le confort de l’habitat dans un tel milieu aride chaud, on cherche avant tout à se protéger des radiations solaires et à obtenir les meilleures conditions de ventilation (Mazria, 2005).

Dans le désert, le « contrôle » du rayonnement solaire est un des éléments majeurs des choix urbanistiques et architecturaux (Le Quellec et al., 2006). On admet en général que les procédés utilisés génèrent une ambiance interne confortable lorsque l’écart thermique avec l’extérieur atteint une dizaine de degrés (Hyde, 2008). La préoccupation dominante est de donner aux constructions l’orientation et la forme qui sont les plus aptes à les faire bénéficier des variations saisonnières du soleil, en position et en intensité, tout en répondant aux besoins de chauffage, de climatisation, de ventilation et d’éclairage. Laisser le soleil pénétrer à l’intérieur de l’habitation, pour y stocker sa chaleur, permet d’élever la température ambiante en hiver ; voiler son rayonnement par un écran assure rafraîchissement et ventilation en été ; combiner les deux, donc exposer et cacher alternativement, c’est réaliser la régulation thermique la plus simple et la plus efficace (Alexandroff et Alexandroff, 1982). On tire le meilleur parti de l’ensoleillement en jouant sur la géométrie, sur les propriétés thermo-physiques des matériaux utilisés, sur l’organisation intérieure, sur le nombre et la dimension des ouvertures, ainsi que sur diverses protections, fixes ou mobiles (Hurpy, 1978 ; Hyde, 2008). Toutes les parois pouvant être ensoleillées, et le but du pare-soleil étant de minimiser les apports calorifiques, sa disposition varie avec l’angle d’incidence du rayonnement solaire1 pour atténuer son ardeur (Wright, 1979).

La direction des vents est variable, mais au Sahara les secteurs NW à NE et SW à SE ressortent comme les plus fréquents, ce qui reste compatible avec une façade orientée vers le sud, sachant que cette orientation permet à une construction d’être ventilée par un vent de nord-est. Dans ces conditions, l’orientation idéale est, sensiblement, nord-sud (Givoni, 1978).

Si l’isolation est un moyen de lutte contre le transfert de chaleur de l’extérieur vers l’intérieur (Dumitriu-Valcea, 1986), l’inertie thermique2 permet d’intervenir sur les échanges, cette fois, de l’intérieur vers l’extérieur. Elle est d’autant plus grande que le bâti est à la fois massif et bien isolé. Cette inertie présente un réel intérêt au Sahara, pendant l’été, parce qu’elle uniformise la température de la face interne du mur (ou de la terrasse), tout en réduisant les variations thermiques diurnes ; ainsi, la température maximale de la paroi intérieure se trouve abaissée. L’inertie atténue aussi le cycle diurne thermique extérieur, en y introduisant un déphasage : on peut vivre dans des pièces fraîches le jour (grâce à leurs murs épais3, éventuellement enduits de chaux) et les quitter la nuit quand les murs commencent à radier, pour aller séjourner dans une pièce à faible inertie, voire sur la terrasse (stah) ; on parle alors d’un « nomadisme quotidien » ou d’un « nomadisme interne ».

Fezzioui et al. (2012) ont par exemple calculé qu’à Béchar, toutes choses égales par ailleurs (nature, épaisseur et revêtement des murs extérieurs aussi bien que des cloisons, de la toiture, du plancher et des vitrages, niveau d’occupation, horaires d’ouverture des fenêtres…), des températures supérieures à 34 °C régnaient pendant 550 heures/an dans les chambres d’une maison de type moderne et seulement pendant 206 heures dans une maison à patio.

Lorsque la toiture est une coupole ou un dôme, ce qui est fréquent par exemple dans la région du Souf et dans la ville iranienne de Yazd, sa superficie est multipliée par trois en comparaison d’une terrasse plate. Dès lors, ne recevant que le tiers de radiation par unité de surface, elle se réchauffe moins vite et se refroidit plus rapidement, par émission vers l’atmosphère. Quant à la ventilation nocturne, elle rafraîchit les structures internes des bâtiments.

Il va de soi que ces différents procédés sont souvent combinés entre eux. Ainsi l’air du patio, éventuellement rafraîchi par l’eau et la végétation, pénètre-t-il dans les pièces de séjour orientées au nord ; l’air chaud est alors repoussé en haut des pièces et il s’échappe par les ouvertures qui y sont ménagées ; des variantes existent avec le concours des tours à vent, dont on reparlera plus loin (Izard, 1993).

Pour l’ombrage, la compacité est de rigueur

La première adaptation au climat est réalisée par la densité du bâti et par les contours extérieurs des bâtiments, qui aident à se soustraire aux températures extrêmes (Bardou et Arzoumanian, 1978). Le tissu urbain se caractérise alors par une grande compacité, verticale et horizontale, qui expose une surface minimale au soleil d’été et aux vents froids d’hiver. Les ruelles, longues et sinueuses, sont ombrées presque toute la journée (figure 1). Les maisons à patio sont agglomérées densément et leurs murs mitoyens limitent la surface exposée. Parfois, l’étage est en encorbellement au-dessus des ruelles, ce qui permet de régulariser le plan des pièces ou de les agrandir aux dépens de la rue. Celle-ci voit alors son ombrage renforcé, tandis que diminue encore le temps d’ensoleillement des façades et que le vent devient incapable de chasser l’air frais nocturne (figure 2).

Dans un environnement dense, il y a peu d’espace pour les tourbillons de poussières, pour le sable et pour le rayonnement solaire direct ou diffus, qui sont les trois contraintes majeures auxquelles la population doit faire face dans de tels climats (figure 3). Certes, à l’intérieur du domaine aride, les caractéristiques spécifiques de l’habitat varient en fonction du climat régional, des traditions et des matériaux locaux. Cependant, une constante est la présence de logements vastes, sur plusieurs niveaux, où l’on ne voit jamais directement le jour. Il est en outre plus avantageux d’y accoler les maisons les unes aux autres, de façon à réduire sensiblement les surfaces ensoleillées. Mais la rareté des ouvertures impose la présence d’un « espace extérieur » enclos dans la maison (Izard, 1976).

Stratégie de la maison à patio en tant que régulateur thermique

La maison à patio a une longue histoire : des vestiges d’espaces centraux ouverts ont été datés d’il y a environ 8 000 ans, au nord-ouest de Téhéran (Memarian et Brown, 2006). Aujourd’hui, du Maroc à l’Inde et à la Chine, les maisons à patio témoignent de réelles ressemblances, même si elles varient sur certains détails – ce qui explique que la langue arabe n’ait pas de mot unique pour la désigner : wast el dar, ard el diar, hoch, fanaa… (Abdulac, 2011). Le cas de la vallée du M’Zab a été souvent décrit (Ravéreau, 2003) : dans les cinq cités alignées le long du lit de l’oued, Ghardaïa, Melika, Beni-Izguen, Bou-Noura et El Atteuf, la maison type (figure 4), de couleur claire, a une inertie thermique considérable, avec très peu d’ouvertures sur l’extérieur ; elle est dotée d’une terrasse, utilisée la nuit en été ; un arbre au coin du patio lui donne de l’ombre et retient l’humidité, symbole de vie dans le désert.

Avec sa configuration en forme de cuvette, le patio, autour duquel viennent s’articuler la cuisine et les chambres, est l’ultime protection d’un espace privé ouvert contre les températures extrêmes, les vents chargés de poussières et les tempêtes de sable. La femme y évolue à son aise. Répondant au besoin oriental d’introversion, le patio est ombragé une grande partie de la journée, il se comporte comme un régulateur thermique, car la fraîcheur nocturne ne s’y estompe qu’en début d’après-midi (Raydan et al., 2006). Le rôle de la cour et le rapport entre sa largeur et sa hauteur varient selon les régions et le degré d’aisance. À Fès, Alger ou Tunis, la maison à patio est toujours à l’ombre en été, car la hauteur du patio est supérieure à sa longueur (figure 5). Mais le patio peut aussi se situer à l’étage, la pièce inférieure n’étant alors éclairée que par une petite ouverture (raouzna) au plafond ; ce dispositif (chbek) est fréquent au M’Zab (Ravéreau, 2003).

Les façades sont mutuellement protégées du rayonnement solaire par les habitations qui leur font face. Grâce à ces projections géométriques et à une orientation soigneusement étudiée, la maison à patio réalise un système idéal de défense contre l’environnement aride chaud. Ainsi, la majorité des patios au Sahara sont orientés NE-SW et SE-NW. Ces directions à 45 degrés sont optimales pour produire de l’ombre en été, tout en permettant l’ensoleillement en hiver (Ginefri, 1987).

Entre nomadisme et procédé spécifique

Pour être à l’abri du soleil, la partie estivale de la maison ksourienne fait face au nord-est. La face opposée sert à profiter du soleil en hiver. Le patio, entouré de hauts murs comme un puits, est ombragé en été ; la nuit, lorsque l’ambiance se refroidit, il emmagasine de l’air frais qu’il restituera dans la journée, pour quelques heures. Ainsi, des espaces différents peuvent-ils être occupés à différentes périodes du jour ou de l’année. La mobilité quotidienne s’inverse d’une saison à l’autre. En été, pour les activités diurnes, les habitants utilisent le rez-de-chaussée, plongé dans l’ombre ; la nuit, ils passent sur les terrasses pour profiter du rayonnement infrarouge vers le ciel clair. Ainsi, par les émissions terrestres et les brises, l’air frais nocturne descend peu à peu et pénètre dans le patio, envahissant tous les espaces. La masse thermique de la structure absorbe cette fraîcheur et la retient jusqu’à la mi-journée. Entre-temps, la cour irradie la chaleur absorbée, le jour, vers le ciel, et le patio devient un espace d’activité, le soir, puis une chambre, la nuit.

À la mi-journée, quand le soleil est haut, ses rayons pénètrent directement dans le patio. L’air frais stocké dans la structure massique s’élève alors, et crée un courant d’air provoquant un certain confort. Quand la température extérieure est élevée, la masse thermique des murs en pisé, adobe ou timchent retarde jusqu’au soir la pénétration de la chaleur dans les chambres. Dès la tombée de la nuit, la température décroissant vite, les habitants trouvent le bien-être dans le patio, où l’air frais commence à descendre. Et le cycle recommence…

L’usage de la terrasse est complété par divers espaces couverts qui s’ouvrent sur le patio, mais leurs fonctions diffèrent selon les régions : galerie, loggia, sabat4 ou iwan5 (figure 6). Ainsi, après la réduction des fortes températures par la diminution des surfaces exposées au soleil et par la répartition des pièces, d’autres procédés et dispositifs viennent améliorer la protection thermique.

L’intégration architecturale dans la climatisation naturelle

Les méthodes traditionnelles de rafraîchissement naturel utilisent des procédés variés : contrôle du rayonnement solaire, rafraîchissement par convection, évaporation, radiation et conduction6. Il était naguère habituel que ces différents procédés soient utilisés de manière hybride, seule la combinaison de plusieurs systèmes de rafraîchissement permettant d’obtenir un effet suffisant. Certes, ces dispositifs, adoptés pour améliorer les conditions de confort climatique interne en les intégrant architecturalement, ne sont pas spécifiques aux maisons à patio ; mais c’est là qu’ils ont été le plus ingénieusement mis à profit.

Le rafraîchissement par convection utilise l’air frais nocturne accumulé dans la masse thermique du bâtiment et le restitue le lendemain. La captation de l’air externe peut se révéler profitable en été, si on l’humidifie au passage (Givoni, 1978).

Répandu dans l’ensemble du monde islamique, le moucharabieh7 (claustra) est une ouverture en panneaux ajourés de bois ou de gypse, qui permet de voir sans être vu tout en favorisant la ventilation naturelle sur les façades extérieures et la pénétration de la lumière diffuse, moins agressive pour l’œil que le rayonnement direct. L’air chaud, tendant à s’élever, est remplacé par de l’air frais en créant un courant d’air sans qu’il y ait besoin de vent à l’extérieur. La réduction de la surface produite par le maillage du moucharabieh accélère le passage du vent. Celui-ci est alors mis en contact avec des surfaces humides, bassins ou plats remplis d’eau qui diffusent leur fraîcheur à l’intérieur de la maison. Les fenêtres donnant sur le patio sont larges : celle du haut permet l’évacuation de l’air chaud, celle du bas descend jusqu’au sol (figure 7). Ainsi à Damas, l’air très chaud rentre dans la maison à travers le patio où il est rafraîchi par évaporation (plantes et fontaines) ; puis l’air frais pousse l’air chaud accumulé dans la maison et l’évacue à travers de petites percées, ce qui forme un circuit d’air en conjonction avec les portes et les fenêtres (Fardeheb, 1989).

La cheminée d’air est un autre système destiné à profiter des vents frais dès qu’ils soufflent. Très répandue en Iran, en Irak et en Égypte, attestée plus marginalement dans d’autres pays, elle est orientée en direction du vent dominant et s’élève sensiblement au-dessus des terrasses, afin de profiter du moindre filet d’air, de ne pas souffrir de l’obstruction des bâtiments adjacents et de réduire la poussière (Bahadori, 1978). Ce procédé peut être monodirectionnel et orienté vers le nord (au Caire, par exemple), comme il peut être bidirectionnel ou multidirectionnel (dans les pays du golfe Persique). Appelé malqaf ou badgir, ce système de refroidissement passif consiste en une ouverture munie d’un conduit en bois, en métal ou en brique, incliné à 45 degrés vers le vent dominant qui s’engouffre dans le conduit, expulsant l’air chaud accumulé dans le patio après être passé à travers les pièces (figure 8). L’air extérieur capté par ces « tours à vent » est plus frais et moins chargé de poussières que l’air au niveau du sol. Rafraîchi par les parois intérieures du conduit, cet air descend dans les pièces habitées en chassant l’air chaud qui s’y trouvait. La nuit, en l’absence de vent, la tour agit comme une cheminée, dirigeant cette fois l’air chaud vers l’extérieur, alors que pénètre par les fenêtres l’air frais du patio. Une jarre en terre cuite (mazaria), remplie d’eau, élève l’humidité relative de l’air (Hurpy, 1978).

Le rafraîchissement par évaporation apporte une sensation de fraîcheur, que l’eau provienne de fontaines, de bassins, de l’arrosage du patio ou d’autres dispositifs d’humidification. Ainsi, en domaine aride, l’eau et la végétation sont présentes à tous les niveaux de l’aménagement de l’habitat, de la ville noyée dans la palmeraie au simple oranger planté dans le patio. Par ailleurs, en tant que structure radiative, la maison à patio permet le rafraîchissement par conduction et par radiation nocturne, en créant un courant d’air avec les ouvertures (Wright, 1979).

De la tombée en désuétude à la réhabilitation de la maison à patio

En tant que leçon du passé, le potentiel architectural saharo-arabique a été peu à peu négligé et les bouleversements socio-économiques qu’il a subis ont affecté son exploitation. Par conséquent, une politique de conservation représente une nécessité absolue, dans des pays où l’architecture vernaculaire perd de son identité et où sa survie devient une urgence.

Le patio, en tant qu’espace où se regroupait la famille élargie (occupation unifamiliale des lieux), présentait de multiples qualités qui sont aussi bien d’ordre climatique, organisationnel que social, à la différence de la « cour urbaine » à l’européenne, qui s’adapte bien au logement collectif en jouant un rôle plus technique que social, car elle perd de sa centralité fonctionnelle au profit de l’extraversion de la maison.

Cependant, quel langage en faveur des maisons à patio serait adapté à la société saharienne d’aujourd’hui ? Comment combiner l’habitat individuel, qui reste prisé par l’immense majorité de la population, avec la recherche d’une densité élevée du tissu urbain ? Comment faire d’une maison à patio une authentique « maison de ville » ? Comment renouer avec les meilleures solutions passives, pour répondre au problème de 1’adaptation au climat ? Comment concilier les désirs d’intimité et d’appropriation de la maison avec celui de l’urbanité ? L’habitat à patio, comme source de satisfaction ou de frustration, est-il encore une aspiration ou une attente (positive ou négative) ? En tout cas, il ne faut pas confondre patio central et cour : le premier est actif, la seconde est passive. L’originalité du patio, qui fait sa force mais aussi son ambiguïté, c’est d’être à la fois « dedans et dehors », d’être ouvert quand bien même il est couvert (dans le cas du patio à portique et à auvent).

Le patio comme régulateur du climat et rôle social

Le patio est très impliqué dans l’organisation spatiale de la maison. La faiblesse des plans modernes, en milieu aride chaud, est souvent de reproduire les classiques schémas linéaires occidentaux, en les flanquant d’un simple jardin intérieur : d’où, par opposition aux maisons « à » patio, les maisons « avec » patio – et la dérive inévitable vers le patio « bocal » décoratif en appendice. Mais dès que l’on veut faire jouer à cet espace un rôle permanent dans le mode de vie des habitants, on se heurte au problème climatique.

Même si elle suppose certaines prouesses technologiques, la couverture transparente amovible n’est pas un « gadget », car elle amplifie les qualités de la maison à patio et s’approprie en permanence le patio, grâce aux apports solaires d’hiver. Paradoxalement, c’est le recours aux dispositifs les plus sophistiqués de l’architecture bioclimatique qui devrait désormais concourir à l’implication du patio. Ce dernier doit garder son caractère ambigu de séjour à ciel ouvert, mi-intérieur mi-extérieur, carrefour d’une vie familiale qu’il faut recréer, si l’on veut retrouver l’ambiguïté des patios traditionnels et éviter le caractère réducteur du patio moderne. Souvent, celui-ci n’est qu’un espace extérieur indépendant de la maison, un lieu de passage plus qu’un lieu d’habitation et de vie. C’est cette ambiguïté qui confère à la maison à patio sa souplesse d’utilisation, en la différenciant d’une simple maison à cour (Abdulac, 2011).

Entre compacité du tissu à patio et nécessité d’une vraie façade

À l’inverse des assemblages modernes qui restent souvent linéaires, les tissus urbains traditionnels optimisent la densité pour constituer des îlots compacts et épais, dont l’effet de masse confère aux maisons une bonne inertie thermique. Là encore, les dispositifs vernaculaires rejoignent les préoccupations actuelles de l’architecture bioclimatique. En revanche, l’accès des îlots aux véhicules y est difficile et conduit à un enclavement des maisons, ce qui implique des adaptations passant par une réhabilitation du système à îlots. En fait, la transposition des modèles traditionnels ne peut se faire car elle nécessiterait l’occidentalisation des modèles, lesquels sont souvent trop connotés culturellement pour qu’une telle évolution soit acceptée par la population (Bencherif, 2007).

Les transformations des modèles anciens devraient donc corriger les défauts relevés, et conduire à un renouvellement radical. Il s’agit avant tout de compenser la tendance flagrante des maisons à patio à constituer des espaces publics résiduels dans les ensembles modernes. Cette tendance, suggérée ou réelle dans les villes sahariennes, résulte de la priorité qu’a le centre de la maison par rapport à sa périphérie. Si, à l’inverse, on décide de privilégier le tracé urbain et l’espace public, il faut éviter une démarche « centrifuge » et prédéterminer les formes de l’espace public urbain et des patios qui paraîtront, ainsi, « recreusées » dans la masse continue des bâtiments. C’est ce que nous appelons la démarche « soustractive », qui apporte une certaine garantie d’urbanité (Nicolas et Rémon, 1981).

Il est vrai que, dans la tradition urbaine saharienne, si l’on excepte le système soukier avec la mosquée, la rue présente souvent un aspect répulsif et sans vie, du fait que toutes les maisons lui tournent le dos sans offrir de vraies façades. D’où la nécessité de compenser l’aspect étanche et l’absence d’individualité de la maison à patio, en lui conférant une « vraie » façade sur la rue. C’est une opération délicate, car elle s’oppose à l’esprit des modèles traditionnels, à leur introversion. Ce n’est pourtant qu’à ce prix que les structures spatiales des maisons à patio pourraient être conciliées avec le désir aujourd’hui impérieux de « donner sur la rue ». Il s’agit en fait de constituer une maison à patio biface et de rééquilibrer les relations entre les espaces intérieurs, patio compris, et la rue ; en d’autres termes, il s’agit de trouver le dosage subtil entre intimité et sociabilité. Toutefois, on peut accentuer l’adaptation de la maison à patio, qui paraît apte à répondre aux exigences les plus actuelles en matière d’habitat, notamment, avec le bioclimatisme8.

Par sa morphologie, la maison à patio se prête aisément à des combinatoires de groupements dont elle serait la « cellule de base », en permettant des associations multidirectionnelles en raison de son important linéaire de mitoyenneté aveugle. Le danger de ce système est de ne pas contrôler la forme et l’échelle de l’espace public urbain, d’où l’effet d’un tissu expansionniste, « proliférant », largement critiqué.

Vers un réajustement de l’appropriation du patio

La maison saharienne actuelle ne s’inspire guère de l’ancienne, qui savait jouer avec le vent et le soleil. Son « patio », éclairé par un « puits de lumière », devient un « hall » tandis que, par son magasin et son garage, elle affiche l’aisance du propriétaire. Les fenêtres donnant sur la rue sont occultées d’une tôle plastique ondulée, car elles extériorisent l’intimité. Ainsi, au lieu du jeu subtil de terrasses multiples disposées à différents niveaux permettant à chacun de dormir isolément l’été, on n’a plus qu’un vaste dortoir collectif. La réalité est que cette terrasse n’a plus d’intérêt, puisque les chambres sont climatisées. N’était-il pourtant pas possible de concevoir une architecture contemporaine qui reste fidèle aux coutumes sahariennes, qui sache s’adapter aux rigueurs estivales tout en s’affranchissant de cette technologie fragile et coûteuse qu’est la climatisation ? Certains ksouriens semblent commencer à prendre conscience du gâchis. Mais il leur est difficile de lutter contre une vague destructrice qui se confond avec une volonté de modernisme mal compris. Que reste-t-il du dialogue entre permanence et altération ? Car détruire ces maisons, témoins du passé, n’est que l’une des facettes d’un processus de déculturation déclenché par la volonté d’investir dans la rénovation urbaine ; il est vrai que l’immobilier à usage non lucratif est aujourd’hui l’un des derniers secteurs refuges pour les capitaux privés.

La maison à patio concilie le bioclimatisme et l’urbain

A priori, telle que léguée par la tradition et lovée sur un puits d’ombre, la maison à patio paraît adaptée aux grandes chaleurs. À surface égale, une maison à étage s’avère plus intéressante qu’un simple rez-de-chaussée. En plus de l’avantage de réduire la surface de la toiture, la maison à étage permet de résoudre aisément les délicats problèmes que posent les maisons à patio en termes de distribution interne des pièces. Par ailleurs, le rayonnement solaire utile, en hiver, s’en trouve facilité, du fait qu’une maison à patio central est un des rares modèles architecturaux à favoriser le « self-control » des effets de masque dans le patio lui-même (figure 9). Nous touchons là, sans doute, au plus grand avantage du système : sa morphologie particulière évite tout desserrement du tissu urbain si, par des artifices de coupe, on réussit à faire bénéficier le patio d’un ensoleillement convenable. Il semble bien qu’il y ait là une alternative sérieuse aux tristes ensembles pavillonnaires, auxquels risquait de nous condamner la politique des lotissements. Bien plus, la maison à patio permet de déjouer la tyrannie de « l’orientation préférentielle », qui hante les plans de masse à la recherche du meilleur angle pour capter les rayons solaires. L’indépendance du patio vis-à-vis de la façade sur rue l’autorise à adopter une direction quelconque, et reste compatible avec une implantation libre des masses construites. Ainsi, une maison sachant concilier deux domaines qui s’ignoraient jusque-là, l’urbain et le bioclimatisme (Gandemer et Guyot, 1976), c’est une maison qui aurait deux visages, l’un caché et tourné vers l’intérieur, assumant le climat mais sachant en tirer profit, l’autre découvert, tourné vers la rue et la vie sociale.

Aussi les aménageurs doivent-ils aujourd’hui considérer les enjeux environnementaux du domaine aride chaud, respecter et valoriser les paysages locaux et méditer les leçons des chefs-d’œuvre anciens, avec les outils et les méthodes modernes, pour réaliser des formes architecturales adaptées à ces milieux. L’intervention se fait sur les formes urbaines, sur les densités, sur les orientations et les expositions optimales, ainsi que par le recours à la végétation et à l’eau (figure 10).

Conclusion

Le bilan thermique d’une construction est la différence entre ses apports et ses déperditions. Pour un comportement équilibré, la conception de l’enveloppe selon les matériaux utilisés doit fonctionner comme un filtre régulateur des flux – et non comme une barrière. Peu de recherches ont été consacrées aux performances thermiques des procédés utilisés dans l’architecture vernaculaire des pays chauds qui, aujourd’hui, sont ignorés pour faire place à des systèmes d’air conditionné, sophistiqués mais onéreux. Vouloir concilier les problématiques urbaines et bioclimatiques (Mazouz, 2005b) revient à réconcilier la préoccupation de l’urbanité retrouvée et celle de l’adaptation du cadre bâti au climat. C’est, en fait, la création des conditions de confort sans recours à la technologie. Il est à espérer que les aménageurs redécouvrent au plus vite la richesse et le bien-fondé de l’héritage architectural des pays chauds et secs. En effet, la maison urbaine à patio s’est vue délaissée et critiquée. Son abandon s’est fait au profit de modèles réputés plus urbains, mieux ancrés dans une tradition occidentale. Si cet article tend à réhabiliter quelque peu la maison à patio, c’est parce que l’on est convaincu que, par ses qualités intrinsèques d’adaptation au climat désertique, elle mériterait des applications plus étendues, en tant qu’habitat individuel dense et groupé, indépendant de l’héliocentrisme. Il faut remettre l’architecture climatique au cœur des débats actuels pour le développement durable.

Références

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1 L’angle d’incidence est celui que forment un flux électromagnétique direct (ici, le rayonnement solaire) et une surface de réception quelconque (ici, un pare-soleil). La loi de Lambert enseigne que l’intensité calorifique par unité de surface varie proportionnellement au sinus de l’angle d’incidence des rayons solaires : il en résulte que, sous un angle de 30 degrés, l’intensité calorique est réduite d’environ moitié par rapport à des rayons verticaux.

2 L’inertie thermique (ou masse thermique) est la capacité physique d’un matériau à stocker de l’énergie. Plus l’inertie est élevée, plus le matériau restitue des quantités importantes de chaleur (ou de fraîcheur), en décalage par rapport aux variations thermiques extérieures (puisque le matériau met plus de temps que l’air à se réchauffer ou à se refroidir). En général, plus un matériau est lourd et plus il a d’inertie. Celle-ci est utilisée en construction pour atténuer les variations de la température extérieure, pour accumuler le jour la chaleur qui sera restituée la nuit et, en définitive, pour assurer une ambiance climatique intérieure aussi confortable que possible.

3 Un mur de faible épaisseur garantirait une certaine fraîcheur dans la matinée, mais créerait une fournaise l’après-midi car il se serait saturé de chaleur en une demi-journée, alors qu’un mur plus épais réalise un déphasage plus long. Il ne s’agit toutefois que d’un déphasage : l’échauffement n’est pas bloqué, mais seulement ralenti. Pour diminuer la quantité de chaleur captée par le mur, celui-ci est laissé blanc, teinte naturelle de l’enduit de chaux qui le protège. Ainsi revêtu, il réfléchit l’essentiel du rayonnement reçu et n’en absorbe qu’une petite part.

4 Le sabat est un espace couvert mais ouvert latéralement sur le patio, une sorte d’espace-tampon entre la cour et les pièces d’habitation. Dans le Souf, il en existe même deux : l’un orienté au nord et utilisé en été, l’autre orienté au sud et utilisé en hiver (Mazouz, 2005a).

5 L’iwan, originaire de Perse, typique du Proche-Orient, est un élément architectural qui consiste en un vaste porche voûté, ouvert d’un côté sur le patio par un grand arc. Orientés au nord, les iwans restent toute la journée à l’ombre.

6 La déperdition de chaleur peut se faire par émission d’un rayonnement infrarouge (radiation), par propagation de molécule à molécule, par exemple dans l’épaisseur d’un mur (conduction), par transfert de calories au profit de l’air en contact avec la surface des parois (convection) ou par transformation de l’eau en vapeur (évaporation), chaque gramme d’eau qui s’évapore utilisant environ 0,5 calorie.

7 Le kush du Yémen remplit sensiblement les mêmes fonctions.

8 Izard et Guyot (1979) définissent le bioclimatisme comme la « science tendant à faire remplir par l’architecture elle-même la fonction de satisfaction des exigences thermiques minimales de l’occupant, de préférence au recours à l’ingénierie climatique ».

 

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Logement individuel Habiter demain dans des modules d'architecte choisis sur catalogue ?

par Julien Brengues

 

Habiter demain dans des modules d'architecte choisis sur catalogue ?

Quelles sont les évolutions plausibles et prévisibles pour la maison individuelle ? Julien Brengues, jeune architecte de l'Hérault, avait choisi pour son diplôme un sujet casse-cou : maison individuelle et densité. Ses réponses – habitat modulaire, industrialisation, notamment, sont également risquées. D'où leur intérêt. Comment construira-t-on demain ? Mutation des modes de vie, nouveaux usages de l’habitation, évolution des pièces de vie, nouvelles techniques de construction et développement durable sont autant d’évolutions déjà observées, et qui devraient profondément transformer le secteur du bâtiment. Or, on constate une réelle inertie de celui-ci malgré des recherches incessantes par des organismes tels que PUCA ou Europan sur les nouveaux modes d’habiter et de produire la maison, et sa production ne cesse de stagner.

Cette immobilité commence même à être assez dérangeante, surtout si l’on observe le décalage entre les modes de vie de notre société en éternelle mutation et les lieux de vie de la population.

 

REPENSER LA MAISON

Concevoir un projet de maison adapté à un moment donné, mais surtout pouvant évoluer et se modifier avec la famille est primordial. La maison d’aujourd’hui et de demain doit pouvoir s’ajuster aux différentes étapes de la vie familiale. Elle est donc un espace destiné à croître, se modifier et doit également posséder un fort potentiel d’appropriation et de maîtrise des espaces. Très en vogue dans beaucoup de pays tels que les Etats-Unis, le Canada ou la Suisse et l’Allemagne, le logement préfabriqué et modulaire fonctionne particulièrement bien. De nombreux exemples existent et leur utilisation se banalise. La mise en place de sites Internet et de catalogues permet une grande diffusion et une construction facilitée de ces modules. Le grand inconvénient de ces typologies est l’idée d’espaces figés et très restreints provoqués par ces volumes d’habitation .Le concept de modules servirait alors de volumes intégrant soit les espaces de communs (cuisine, WC, salle de bain, dressing…), rangements (garage, atelier, buanderie…), les espaces privés (chambres, dressing, salle de bain, bureaux personnels…), les espaces de travail (bureau professionnels, atelier…) ou les espaces de loisirs (salle multimédia, home cinéma…). Les lieux de vie seraient alors les espaces interstitiels entre les modules. Ces nouveaux lieux ont une relation privilégiée avec l’extérieur car ils se trouvent être eux-mêmes en dehors des modules. La conception d’un catalogue comprenant des volumes pensés pour une situation donnée (module nuit, enfants, bureau, service, voiture) et d’un système constructif les accueillant est une solution alternative et possible. Celui-ci permettrait de choisir, changer et ajouter de nouveaux espaces tout au long de la vie du bâtiment.

 

A LA RECHERCHE DE DENSITE

La seule alternative à l’étalement urbain est sans aucun doute la densité. Mais cette densité a plusieurs facettes, du logement collectif à la maison en bande. Or, aujourd’hui, nous savons que le tout collectif n’est pas envisageable, de part l’envie des futurs acquéreurs mais aussi par les problèmes générés par les grands ensembles. A ce jour, nous sommes à la recherche de densité mais les règlementations urbaines mises en place bloquent énormément la densification du logement individuel. En effet, le fait de pouvoir développer en limite de parcelle permettrait des espaces de type patio au cœur même des espaces bâtis. De plus, les constructions basses ne dérangent en aucun point le voisinage, bien au contraire, elles permettent de créer des espaces tampons entre elles. Comment convaincre les futurs acquéreurs du bien fondé de la densification malgré un terrain plus petit et un logement plus proche voire accolé au constructions voisines ?Si l’on observe le fonctionnement d’une parcelle de maison individuelle, on peut voir que l’utilisation de celle-ci n’est pas complète. En effet, que se soit le fond ou les côtés du terrain, ils sont peu, voire pas du tout, exploités, donc inutiles et consommateurs d’espace. Proposer une habitation utilisant chaque mètre carré du terrain, jusqu’à dire que l’on habite totalement la parcelle peut être un atout important. Cela voudrait donc dire que la maison et son terrain ne font qu’un, que le séjour et le jardin ne forme qu’une seule et unique pièce à vivre…Cette typologie de lotissements denses situés en zone urbaine couvre environ le tiers, voire la moitié, de la ville compacte. Celle-ci se perdra avec les nouveaux moyens de transports et de télécommunications qui offriront la possibilité d’acheter plus loin, plus grand et moins cher. Cette manière d’habiter en profondeur de la parcelle et cette nouvelle typologie de modules permet de proposer une même orientation à tous les logements et de créer un sens de circulation de l’espace public à l’espace privé. Plus on s’enfonce dans la parcelle, plus l’intimité se fait ressentir. La disposition des modules de rangements (garage...) et de services en continuité sur la rue permet de procurer une sensation de protection, alors que les modules chambres se retrouvent dans un espace intime en fond de parcelle.

 

CONSTRUIRE DIFFEREMMENT

On peut facilement s’apercevoir que l’homme a réussi à industrialiser pratiquement tous les produits et objets dont il avait besoin. Aujourd’hui, il lui manque seulement le logement.

L’industrialisation du logement permettrait sans doute, de faire baisser les coûts de construction d’une habitation mais aussi de réduire les temps de production de ce secteur.

De plus, cela peut également offrir une meilleure gestion à long terme du parc immobilier, en travaillant sur des bâtiments entièrement modulables, voire démontables et réutilisables, ou encore recyclables.

 

L’ECOLOGIE ET LE DEVELOPPEMENT DURABLE INCONTOURNABLES

Ce projet a pour obligation de se confronter aux questions de développement durable et d’écologie. Cela suppose des réflexions à deux échelles, une première sur le thème urbain et une seconde sur le bâtiment même. La notion de ville durable gravite aujourd’hui autour des idées de densité. En revanche, une forte densité engendre localement une congestion et une concentration de pollution atmosphérique, une minéralisation accrue du sol et une augmentation de température, voire une saturation de l’espace bâti qui peut réduire ses capacités d’évolution. La densité forte apporte donc des bénéfices à un niveau global mais crée des contraintes locales importantes.

 

Ce paradoxe nous invite à nous interroger sur les moyens d’atteindre la compacité souhaitée et sur la forme à lui donner. Fixer une densité élevée revient à n’offrir la possibilité de construire qu’à ceux qui ont des moyens financiers élevés, ce qui est contraire aux principes d’équité et de dynamisme économique. Le second thème doit s’appliquer à la construction en tant que telle. Toutes les questions sur les énergies passives et actives, les matériaux écologiques, l’impact sur le site ou l’utilisation de modules préfabriqués doivent être relevées. L’avantage incontestable de la préfabrication est le plus faible impact généré sur le site mais aussi l’optimisation en temps, qualité et finition de l’objet final. Les modules préfabriqués et autostables permettent de faire évoluer l’habitat sans pour autant produire de gros travaux, et de réutiliser les modules changés soit en les revendant, soit en les recyclant. Ceux-ci s’apparenteraient presque au même système de recyclage des automobiles, des frigos ou des téléviseurs. Des boîtes parfaitement isolées, additionnées à des éléments préfabriqués recherchant soit de l’inertie, soit une grande isolation permettraient de créer des espaces agréables et économes en énergie.

 

CONCLUSION

L’enjeu de ce travail reste très vaste car le secteur du bâtiment en général, et de la maison individuelle en particulier, génèrent beaucoup de questions aujourd’hui. Les nouveaux usages de la maison, l’évolution des pièces de vie, les mutations des modes de vie, les nouvelles technologies… n’ont de cesse de se confronter à un système relativement figé. En effet, les règlementations du marché de la construction ont tendance à bloquer toute évolution possible de la maison, ce qui induit une grande inertie dans le domaine de l’habitation individuelle. Une grande réflexion commune reste donc à mener, dans laquelle ces contraintes doivent être gommées ou modifiées afin de tester de nouvelles solutions. Si nous n’évoluons pas aujourd’hui, un énorme fossé va se creuser entre notre manière de vivre et notre lieu de vie. Ce travail de fin d’études avait pour but de relever ces questions, d’en faire une synthèse et de produire une ébauche de réponse plausible.

 

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