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18-12-2023

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CO-OP, GRT et CDC en Amérique du Nord

"Le temps des tribus"

 

Un dossier réalisé par R. Mayerl en 1993 

 

Sommaire

  Des communautés pour quoi faire ? 
  Historique du mouvement coopératif au Canada 
  Le Bon Pasteur à Québec 
  La Coopérative Le Septième Ciel
  C.A.S. Community Alternatives Society 
  Enquête sur la clientèle dans les coopératives d'habitation au Québec 
  10 000 Logements sociaux menacés: Le point de vue du FRAPRU 
  Les organismes de lutte 
  Les Groupes de Ressources Techniques - GRT 
  A la recherche de nouvelles avenues de développement 
  Des programmes d'aide destinés aux coopératives d'habitation 
  Le Fonds alternatif de développement régional de l'habitation de Québec 
  La structure du mouvement canadien de l'habitation coopérative 
  Manisfeste des coopératives d'habitation  
  Maison de chambres: "Qui demeure chez qui?" 
  COOP: Nouvelle société ou machine à vendre? 
  Les CO-OP aux Etats-Unis:HOUSING IS FOR PEOPLE 
  Community Design Center: Violence et pauvreté aux Etats-Unis 

  Les coopératives d'habitation dans le monde

 

Liens :

La Confédération québécoise des coopératives d’habitation (CQCH) est un organisme qui regroupe six fédérations régionales - Le Mouvement québécois des coopératives d'habitation permet à 27 500 ménages québécois de se loger adéquatement, à prix abordable.
http://www.cooperativehabitation.coop/

La FHCC est l’organisme national qui chapeaute les coopératives d’habitation et elle est aussi le lien du Canada avec les coopératives d’habitation dans le monde entier. Notre intervention sur la scène internationale se fait par le biais d'Abri international, un organisme de développement international fondé et appuyé par la FHCC et ses membres, et par le biais de notre participation active à Co‑operative Housing International, l'organisme sectoriel de l'Alliance coopérative internationale.
http://www.chfcanada.coop/

Abri international offre un leadership, une expertise technique et un engagement dans le développement de logements à prix modique et d'établissements humains dans le monde entier. Rooftops Canada is the international development program of co-operative and social housing organizations in Canada.
http://www.rooftops.ca/
Housing International - Les coopératives d'habitation dans le monde entier

http://www.housinginternational.coop/
International Co-operative Alliance
http://ica.coop/fr/

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GRT - Groupe de Ressource Techniques
AGRTQ - Association des groupes de ressources techniques du Québec - Ancrés localement, les GRT accompagnent les personnes désirant mettre sur pied un ensemble de logements communautaires sous forme de coopérative ou d’organisme sans but lucratif (OSBL). Les GRT agissent comme intermédiaires entre le groupe de locataires, les administrations publiques, les entrepreneurs en bâtiment et autres professionnels (architectes, notaires, ingénieurs). En plus d’offrir une aide technique, les GRT voient à former les résidants à prendre en charge la gestion de leurs nouveaux logements et à fonctionner en groupe.
http://agrtq.qc.ca/

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Community Design Centre
CDC is a nonprofit organization whose mission is to make East Tennessee a better place to live and work by bringing professional design and planning assistance to community groups and non-profit organizations. The Community Design Center offers its services through the pro bono contributions of area architects, landscape architects, planners and other professionals
http://www.communitydc.org/

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Imagination for People (I4P) fédère une communauté de citoyens à l'échelle internationale qui croient au pouvoir de la créativité pour trouver des solutions concrètes contribuant au mieux-vivre ensemble : l’imagination, en somme, au service du bien commun
http://imaginationforpeople.org/fr/about_us/

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Des communautés pour quoi faire ?

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Pour expliquer l'intérêt qu'il nous faut porter aux mouvements communautaires de part le monde et en particulier sous nos latitudes, je ferai référence au remarquable ouvrage de Michel Maffesoli, intitulé justement "Le temps des tribus"*, qui explore les métamorphoses de nos sociétés dans lesquelles émergent des réseaux, des petits groupes et des rassemblements éphémères et effervescents. Paradoxalement par rapport à l'idée qu'on se fait généralement de notre environnement social, Maffesoli explique avec beaucoup de pertinence pourquoi nous sommes entrés dans une phase de déclin de l'individualisme dans les sociétés de masse et comment la Puissance de la socialité qui par l'abstention, le silence, la ruse s'oppose au Pouvoir de l'économie-politique.

Il y précise:

"...je poserais comme postulat que le dynamisme sociétal qui, d'une manière plus ou moins souterraine, parcourt le corps social est à mettre en relation avec la capacité qu'ont les micro-groupes à se créer. Il s'agit peut-être de la création par excellence, de la création pure. C'est-à-dire que les "tribus" qui nous occupent peuvent avoir un objectif, une finalité, mais là n'est pas l'essentiel; ce qui est important, c'est l'énergie qui est dépensée pour la constitution du groupe en tant que tel...ainsi pour préciser mon postulat, je dirai que la constitution en réseau des micro-groupes contemporains est l'expression la plus achevée de la créativité des masses."

Ces réflexions de fond introduisent, je pense, parfaitement les quelques articles ci-après qui relatent des expériences entreprises en Amérique du Nord pour créer de nouveaux espaces d'autonomies en particulier pour les personnes les plus démunies. C'est ainsi que les coopératives d'habitation, les communautés alternatives et avec elles les associations de conseils et d'éducations qui apportent leur aide et qui assurent le développement des réseaux, continuent à travailler l'Histoire depuis les années soixante, sans qu'on puisse assurément en repérer le tracé, avec beaucoup d'opiniâtreté, en capitalisant une somme d'expériences qui apparaît assurément riche et séduisante.

 

Alternativement vôtre

Mais quelle alternative? L'alternative serait cette quête d'autonomie dans tous les domaines de la vie, fondée sur la capacité, le désir d'individus et de communautés à développer des processus de maîtrise personnelle et collective. Il est vrai que cette autonomie reste elle même très problématique, ou tout au moins selon l'expression du sociologue Yves Bare "un indécidable", car "il est possible que l'autonomie non pas préfigure les solutions de l'avenir si elles se produisent, mais engagent un processus de transformation qui par lui même, est incompatible avec le blocage actuel".

 

Alternatives en Amérique du Nord

L'Amérique du Nord, le Québec et la Californie en particulier, a été féconde en expérimentation sociales et culturelles en tous genres dans le sillage de ce qui fut nommé là-bas "la révolution tranquille" du début des années 60. Ce réveil a touché en premier lieu la vie quotidienne et cette critique de la société comme fondement d'un nouvel art de vivre n'a pas été un vain mot. L'idéal démocratique est encore le fer de lance d'un processus de changement social. Il se retrouve dans ce qui est le troisième secteur marchand ébauché par toute une série d'initiatives allant de la Coopérative de recherches et d'informations (CRI) qui offre ses services et son matériel informatique dernier cri aux organismes et groupes populaires, à la Coopérative de productions, d'information et recherche en sexualité (COPAIRS) formée de femmes diplômées en sexologie qui offrent de leur côté des services de consultation pour le bénéfice des écoles et de groupes de parents, en passant par le Rézo coopératif d'alimentation saine et la Coopérative de développement agro-forestier à Témisouata (JAL) qui crée sa radio communautaire Jal-Jase.

Dans cet esprit et sur le terrain de l'habitat, les Groupes de Ressources Techniques (GRT au Canada) et les Community Design Center (CDC aux Etats-Unis) contribuent à formaliser et à multiplier les expériences de toutes sortes au profit en particulier des personnes à faibles revenus et de tous ceux que l'on pourrait qualifier de marginaux. Le concept de marginaux en tous genres détrônant toutefois il est vrai celui de l'"american way of life" ou celui de l'américain moyen, tant l'hétérogénéité de la société nord américaine est grande et les "minorités" omniprésentes partout.

Roland Mayerl

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* Le Temps des Tribus de Michel Maffesoli
Le Livre de Poche Méridiens Klicksieck 1988

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Historique du mouvement coopératif au Canada

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1937.- Premières coopératives d'habitation au Québec
" La Construction Coopérative de Montréal". Avec quelques autres, cette coopérative n'a connu qu'une existence légale.

1941.- Première coopérative viable
" La Coopérative d'Habitation d'Asbestos". Il s'agit d'une coopérative de construction de 15 maisons unifamiliales. L'existence d'une coopérative n'est que temporaire. Les membres achètent leurs maisons et la coop est dissoute.

1948.- La "Fédération des coopératives d'habitation"
voit le jour et vient aider les coops formées depuis 1949 dans leurs opérations (service de matériaux et vérification comptable)

1949.- Depuis 1941, 88 coops se sont fondées, mais 44 seulement deviennent opérationnelles,

1968.- Restructuration de la Fédération des coopératives d'habitation"
donnant le jour à la Fédération Coop-Habitat du Québec" qui va construire des maisons d'habitation locative plutôt que des habitations unifamiliales. La coopérative demeure propriétaire des maisons.

1971.- Faillite de Coop-Habitat
1432 logements, déficit de $4 millions
1972.-
Divers comités de citoyens commencent à considérer la formule coopérative comme alternative au problème du moment.

1973.- Amendements à la loi nationale sur l'habitation (LNH)
favorisent le financement d'organismes sans but lucratif et coopératifs dans le secteur de l'habitation.

1974.- Quatre nouvelles coopératives d'habitation locative voient le jour à Québec, Sherbrooke, Hull et Montréal. d'habitation locative voient le jour à Québec, Sherbrooke, Hull et Montréal.

1975.- Depuis 1972, 16 coopératives seulement sont formées
Mise sur pied du programme du gouvernement fédéral d'aide aux coopératives d'habitation locative (LNH)
- prêt de la SCHL (Société Canadienne d'Hypothèque et de logement) taux d'intérêt à 8%, subventions pour le remise en état des logements

1976.- Colloque sur l'habitation coopérative
organisé par le Conseil de la Coopérative du Québec
Premier effort de regroupement des coopératives

1979.- Parution de l'Hebdo-Coop. 120 Coops existent
Quatrième assemblée générale des coopératives d'habitation du Québec

1980.- Sommet sur la coopération organisé par le gouvernement du Québec
258 coopératives existent sur le terrain

1985.- 8 Fédérations fournissent des services à 1200 coopératives comprenant 22000 logements représentant 1% du marché au Québec. comprenant 22000 logements représentant 1% du marché au Québec.
L'organisme national est la FHCC qui représente 3000 coopératives à travers le pays.

1986.- Les Etats Généraux de la CCQ 
(Conseil de la Coopération du Québec) (Conseil de la Coopération du Québec)
création d'un vaste réseau entre les différentes coopératives

1989.- Les coopératives à capitalisation
Recherche d'un nouveau souffle pour les coopératives sans aides de l'Etat mais avec les Municipalités comme nouveaux partenaires.

1990.- Création d'un fonds de développement
créé par la Fédération du Québec qui canalise l'épargne
constitution d'une banque de logements, d'un guichet unique pour les assureurs immobiliers

1992.- Regroupement d'achat de biens de consommation
association avec d'autres partenaires, avec des coop dans d'autres secteurs

 

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Le Bon Pasteur à Québec

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L'histoire de la conversion d'un couvent en coopératives d'habitation

La congrégation des soeurs du Bon-Pasteur de Québec est une communauté religieuse fondée en 1850. La mission que la congrégation s'est donnée est l'accueil et l'éducation des jeunes filles et des filles-mères dans le besoin.

Pour ce faire, ellse firent ériger un important couvent comprenant plusieurs bâtiments à Québec, tout près de l'édifice du parlement de la province de Québec, couvent qu'elles occupèrent jusqu'en 1975. Que s'est-il passé alors?

 

En 1975, le gouvernement de la province décide d'exproprier les Soeurs et de démolir le couvent afin de le remplacer par un édifice administratif. Il faut noter que le quartier avait été plutôt charcuté et vidé de sa population résidante par une vague de démolitions d'habitations pour faire place à des hôtels, des édifices administratifs et des autoroutes.

Les résidants du quartier en avaient assez de ces démolitions et départs et décidèrent de réagir. Ils se rassemblèrent autour du projet de la sauvegarde du Couvent du Bon Pasteur et menèrent la lutte contre la volonté gouvernementale de le raser. Une garderie communautaire, qui était locataire d'un espace dans le couvent, occupa les lieux 24 heures sur 24, pour éviter sa démolition par surprise de nuit comme de jour.

 

Le "timing" était bon. A la faveur d'un changement du parti au pouvoir en 1976, le gouvernement modifie sa position et accepte de rétrocéder le couvent aux résidants du quartier en vue de son recyclage en habitations. C'est alors qu'est formée la Corporation d'aménagement du Couvent Bon-Pasteur, organisme sans but lucratif qui, de 1979 à 1984, orchestra le recyclage des différentes parties du couvent en sept coopératives d'habitation totalisant 240 logements comprenant: 3 coopératives à caractère familial,  2 coopératives réservées aux personnes retraitées, 2 coopératives à clientèle mixte (célibataires, couples sans enfants, retraités).

 

Chaque coopérative fonctionne de façon autonome dans son bâtiment, mais toutes se rencontrent pour discuter et régler les problèmes communs (la cour, le déneigement, les problèmes de cohabitation etc...)

Certains espaces n'ont pu être recyclés en logement comme, la chapelle, la cuisine et la chaufferie du couvent et sont demeurés la propriété de la Corporation. La garderie et les bureaux de la Corporation se sont installés dans la chaufferie, un studio d'enregistrement professionnel dans la cuisine. Le sous-sol de la chapelle abrite une épicerie et des bureaux. La chapelle entièrement rénovée est louée aux Soeurs du Bon-Pasteur et constitue ainsi le lien social entre les anciens et les nouveaux résidants. Enfin les résidants et les enfants de la garderie disposent du jardin.

 

La Corporation joue depuis maintenant dix ans un rôle de concertation entre les coopératives et un rôle de préservation de la qualité de la vie sur le site. De plus, elle poursuit son oeuvre de réhumanisation du quartier, en réussissant à développer quatre nouvelles coopératives totalisant 64 logements, dans un complexe multifonctionnel-résidentiel, administratif et commercial- sur des terrains restés vacants à proximité du couvent. La corporation met également à la disposition des résidants un certain nombre de services: accueil, animation, photocopieuse et location d'emplacement de stationnement).

 

Environ 700 personnes demeurent sur le site du Bon-Pasteur. Une étude du milieu socioprofessionnel réalisée en 1985, faisait apparaître que la clientèle des coopératives était à revenus modestes et moyens, majoritairement féminine, souvent sans emploi et scolarisée. Le montant des loyers est sensiblement inférieur à celui pratiqué aux alentours et les résidants sont relativement stables. Plusieurs d'entre eux y habitent depuis le début. Certains n'y restent qu'un certain temps pour bénéficier les loyers peu élevés.

En tout cas habiter dans une coopérative du Bon-Pasteur reste une expérience très formatrice et enrichissante.

 

En conclusion on peut affirmer que le Bon-Pasteur apparaît comme un un modèle de l'action communautaire et de la prise en main par "les gens ordinaires" de leur cadre de vie.

André Tremblay
coordonnateur
Corporation d'Aménagement du Couvent Bon-Pasteur

janvier 1992

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La COOPERATIVE "LE SEPTIEME CIEL"

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Couvent du Bon-Pasteur

La coopérative "Le septième ciel" voit le jour en février 1984. Ses membres fondateurs l'ont baptisée ainsi car c'était en fait le septième immeuble abritant une coopérative dans le quadrilatère formant le complexe du Bon-Pasteur. Depuis cette date la coopérative est membre de la Corporation d'aménagement.

80 personnes -adultes et enfants- occupent 32 appartements répartis sur cinq niveaux dans les deux ailes du bâtiment datant respectivement de 1876 et de1906. Le caractère familial de la coopérative est une constante maintenue par tous depuis le début.

 

Le fonctionnement

Chaque membre actif de la coopérative signe le bail pour son logement et accepte de ce fait les règles de jeu de celle-ci. Le règlement intérieur définit quand à lui le mode de fonctionnement des comités de gestion de l'immeuble et les tâches incombant à chaque habitant. Les cinq comités présentement en fonction traitent de l'administration, des finances, de la sélection des nouveaux venus et de l'information. Chacun est assujetti à suivre un dossier spécifique au sein de son comité et à participer à une tâche hebdomadaire ainsi qu'à deux "corvées" annuelles d'entretien au printemps et en automne. Tout le monde se met à l'ouvrage et tous croient à l'importance de cette solidarité. S'il existe bien sûr également aussi des conflits de personnes comme dans tout groupe d'individus aux personnalités diverses, dans l'ensemble la structure d'organisation qui en appelle à l'équité est suffisamment souple pour être acceptée sereinement par tous les membres.

 

C'est à l'occasion de l'assemblée générale des membres que s'exerce d'ailleurs pleinement la démocratie et que se définit les règles de fonctionnement de la coop. Les décisions relatives aux affaires courantes et aux grandes orientations à prendre sont votées selon la règle coopérative, un membre, une voix.

Ces principes autogestionnaires contribuent à l'amélioration du cadre de vie dans la coopérative et à offrir aux résidants des logements aux conditions particulièrement avantageuses.

 

Conclusion

La vie en coopérative peut être riche d'expériences pour certains, mais peut aussi constituer une calamité pour d'autres! Tout dépend des buts et des intérêts poursuivis par chacun.

J'aimerais terminer par un extrait d'un dossier paru dans la revue "Relations"1:

" Les coopératives d'habitation sont des lieux particulièrement propices à l'apprentissage de la démocratie et à la prise en charge de leur milieu de vie par les résidants d'immeubles locatifs. Car les coops d'habitation ne sont pas seulement constituées de bâtiments mais essentiellement d'individus, de familles, d'enfants! Vivre dans une coopérative, c'est vouloir se donner une meilleure qualité de vie en participant directement à toute une gamme de décisions, à des aménagements communs et à l'entraide avec d'autres groupes".

Jacques Pleau, résidant
Le septième ciel.
1(nov. 91 n°575 , "Un élément de notre société distincte: le mouvement coopératif")

 

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C.A.S.    Community Alternatives Society

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CAS correspond à une coopérative d'habitation située à Vancouver sur la côte ouest du Canada en Colombie Britannique. Elle comprend aujourd'hui une entité urbaine et une autre rurale à Aldergrove qui profitent à une cinquantaine de personnes organisées en familles et en couples avec un pourcentage important de célibataires. Il est intéressant de noter également que les femmes avec des enfants y sont nombreuses. Le bâtiment de Vancouver a la particularité d'être entièrement réalisé en bois sur trois niveaux, dans la tradition des maisons de charpentier visibles tout le long du Pacifique, avec des appartements largement vitrés orientés vers un espace intérieur plus intime. Il comprend neuf unités de vie, chacune avec 3 à 8 chambres.

 

On y trouve les locaux communs habituels comme une laverie, une salle de réunion, mais aussi une bibliothèque et un étage organisé en petites cellules individuelles qui est réservé aux adolescents. Des panneaux solaires assurent le chauffage de l'eau sanitaire

Les objectifs de cette communauté peuvent se résumer à quelques principes essentiels: habiter ensemble en partageant les ressources, susciter des alternatives aux modèles familiaux classiques, favoriser l'entraide, partager en partie les revenus de chacun, créer des emplois de travail pour les membres de la coop mais aussi pour d'autres personnes qui toutefois ont des idées humanistes et d'ordre économique similaires (et non pas pour ceux qui restent aliénés au capitalisme, précise notre correspondante), enfin donner à chacun un droit égal à l'échelle de cette macro-démocratie en faisant de telle sorte que les décisions se prennent selon le principe du consensus.

 

La communauté C.A.S., créée en 1976, acquit la ferme en 1977 qui ne fut initialement habitée que par 6 personnes. Le bâtiment en ville fut terminé quant à lui en juillet 79. Sa réalisation a été d'abord l'occasion d'un bras de fer entre la communauté et l'administration à qui sa conception inhabituelle apparaissait comme le fruit de l' imagination fantaisiste d'un groupe d'individus et d'un architecte un peu loufoques. Pour obtenir en fin de compte les autorisations nécessaires à sa construction, dans le cadre du programme de l'habitation sociale du gouvernement fédéral, les membres de la communauté sont allés occuper les bureaux de l'administration jusqu'à obtenir gain de cause.

 

La singularité de cette réalisation a été aussi le fruit de leur succès. La presse locale, le Vancouver Sun, s'est vite faite l'écho de ces habitants a priori "hors du commun" et qui s'avérèrent en fin de compte tellement semblables à tout le monde. Plusieurs instituts de recherche les ont pris comme sujet d'étude, ils sont devenus les vedettes d'un film finlandais relatant les projets futuristes de l'an 2001.

 

La communauté apparaît très largement ouverte sur le monde extérieur: certains de ses membres sont impliqués dans des projets relatifs à la défense de l'environnement ou à des luttes urbaines, d'autres militent pour des actions visant à aider le tiers monde "opprimé". La communauté est par ailleurs à l'initiative de la réalisation d'un restaurant coopératif, d'une boulangerie, d'un programme d'aides aux personnes handicapées mentales et d'une autre coopérative dans le voisinage, etc... Les visiteurs, européens en particulier, sont la bienvenue, mais il est nécessaire d'annoncer sa visite.

Informations recueillies auprès de Patricia Hogan
Community Alternative Co-op Vancouver B.C. Canada

 

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Enquête sur la clientèle dans les coopératives d'habitation au Québec

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par Christian Champagne, décembre 1988, 84 pages
Etude de maîtrise en analyse et gestion urbaines
avec le concours de l'INRS et des GRT.

Analyse des résultats (extraits):

D'où viennent les ménages?
25% des membres habitaient leur logement avant que la coopérative n'en devienne propriétaire.
Les projets coopératifs logent une population très locale dans une proportion de 86%

Composition des ménages: 

FEMME SEULE 16 %

HOMME SEUL 6 %

COUPLE SANS ENFANT 17 %

COUPLE AVEC ENFANTS 32 %

MENAGE MONOPARENTAL (femme) 23 %

MENAGE MONOPARENTAL (homme) 3 %

SANS LIEN DE PARENTE 3 %

Les femmes seules, les couples avec enfants et les ménages monoparentaux comptent pour 74 % de la clientèle.

Age:

COOP

QUEBEC

moins de 35 ans

33 %

29 %

de 35 à 54 ans

43 %

43 %

de 55 à 64 ans

11 %

16 %

65 ans et plus

13 %

12 %

Seule la tranche des moins de 35 ans est légèrement sur-représentée.

Emploi du répondant:

Ouvrier, artisan, métier de la construction

10 %

Métiers de service

12 %

Employés de bureau et commerce

16 %

Cadre intermédiaire, professions techniques

8 %

Professions libérales

1 %

Autres professions

9 %

Sans emploi

44 %

Seulement 55 % des ménages ont déclaré des revenus d'emploi (salaire et honoraires) comme source principale de leurs revenus. Les revenus proviennent par ailleurs pour 5% de l'assurance chômage, 20 % du bien-être social, 11% de la pension de vieillesse, 1% du régime d'une assurance retraite privée, 1% des revenus de placement, 2 % de la pension d'invalidité, 5 % d'autres sources.

Taux d'effort:

Un ménage sur trois consacre plus de 35 % de son revenu brut au loyer. Ce taux d'effort est inversement proportionnel au revenu des ménages. Il apparaît que la situation la plus critique concerne les familles monoparentales.

Types de projets:

Construction neuve

26 %

Recyclage

17 %

Achat-Rénovation

57 %

La formule achat-rénovation favorise le maintien dans les lieux des locataires. Le marché du logement rénové avec modestie devrait générer des loyers inférieurs à ceux exigibles dans des projets de construction neuve.

Résumé des conclusions du rapport

A la lumière des résultats de l'enquête, il apparaît que, du point de vue de la clientèle, les coopératives d'habitation ayant réalisé des projets avec l'aide des groupes de ressources techniques (GRT associations chargées d'épauler les coopératives sur le plan technique et juridique), atteignent et vont même au-delà des objectifs des programmes en vertu des quels ces projets ont été financés. Tant par le niveau de leur revenu que par leur composition, le type d'emploi qu'ils occupent ou leur scolarité, les ménages qui habitent les coopératives d'habitation rejoignent un éventail très large de groupes socio-économiques. De plus, quelle que soit la variable observée, le caractère modeste de la clientèle se dégage avec force. Si les coopératives atteignent leur objectif de mieux loger leurs membres et qu'n effet l'accessibilité financière aux logements coopératifs est plus grande par rapport à celle des logements offerts sur le marché privé, elles ne permettent pas pour autant de ramener le taux d'effort au seuil généralement admis de 25% des revenus bruts des ménages à faible revenu. Cette convergence entre les objectifs des programmes et ceux du secteur coopératif n'aura été que conjoncturelle, puisque depuis 1986, le gouvernement fédéral a modifié en profondeur ses objectifs et les règles de financement des projets. Cette remise en question par l'Etat de son aide au logement coopératif s'opère sur la base d'objectifs qui n'ont rien à voir avec ceux poursuivis par les programmes desquels les projets avaient été initiés et réalisés jusque là, pas plus qu'elle ne tient compte des objectifs du secteur coopératif lui-même. Celui-ci doit donc à nouveau tenter de convaincre les gouvernements de réintroduire dans leurs politiques des programmes qui soutiennent ses objectifs. Il doit également puiser dans ses propres ressources humaines, financières et organisationnelles pour s'affranchir de sa dépendance face à l'Etat et présider au développement d'un authentique secteur coopératif en habitation dont il définira seul les objectifs.

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10 000 Logements sociaux menacés
Le point de vue du FRAPRU *

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Au moins 10 000 logements à loyer modéré sur un total de 35 000 unités, coopératives d'habitation et autres logements sans but lucratif risquent d'être perdus au Québec, si le gouvernement fédéral ne revient pas sur les coupures annoncées dans le budget du 26 février 91 du ministre des Finances, Michael Wilson. Le ministre décrétait alors que la réduction de 15 %, imposée dans le budget de l'an dernier, aux nouveaux engagements de logements sociaux au Canada allait se poursuivre jusqu'en 1995-1996!

Les types de logements suivants seront touchés par la coupure de 15%: les habitations à loyer modique, les coopératives d'habitation pour les faibles revenus, en particulier pour les familles, les logements sans but lucratif réalisés pour les itinérant-e-s, les chambreurs et chambreuses, les personnes âgées en perte d'autonomie, les familles monoparentales, etc...

Les grands perdants *sont les mal-logé-e-s du Québec. Si le Québec compte environ 25% de la population canadienne, on y retrouve pas moins de 28,5% des ménages ayant des besoins impérieux de logement.

 

L'importance du logement social selon les pays:

Réduit à 2% aux USA et à 4% au Canada, la part du logement social dans l'ensemble du parc domiciliaire des pays à économie avancée oscille entre 15 et 40%. On remarque sur le tableau ci-dessous, qu'il y a eu une production massive de logements sociaux en Europe pour la population, y compris la classe moyenne.

 

 

pourcentage de
propriétaires
occupants

pourcentage de locataires

 

 

logement social

marché privé

total

Canada

66

04

30

34

France

50

15

35

50

Grande-Bretagne

65

25

10

35

Italie

60

05

35

40

Pays-Bas

47

39

14

53

RFA

40

11

49

60

Suède

58

23

19

42

USA

64

02

34

36

*Le FRAPRU, c'est le Front d'action populaire en réaménagement urbain , un regroupement provincial sur le logement et la qualité de vie dans les quartiers populaires. Il existe depuis 1978 et est formé de 8 groupes travaillant sur Montréal et Québec et aussi à Sherbrooke, Verdun et Drummondville

 

LES ORGANISMES DE CONCERTATION ET DE LUTTE

La Commission des droits de la personne

OSBL = Organisme Sans But Lucratif = Organisme Sans But Lucratif

La FOHM (fédération des OSBL d'habitation de Montréal) est le résultat d'une volonté d'expérimenter des solutions nouvelles qui permettent aux gens de sortir du circuit de l'itinérance.

La FOHM compte deux volets: premier volet-regroupement de 18 OSBL d'habitation, ce qui représente 500 unités de logement permanent pour les personnes itinérantes; deuxième volet-gestion de maisons de chambres. Le support communautaire y est essentiel pour aider les gens à acquérir de nouvelles habitudes de vie. Le personnel facilite ainsi l'intégration à la vie collective et permet de développer l'autonomie en informant les locataires sur les ressources du quartier, en intervenant en temps de crise et en organisant des activités visant à développer un climat d'entraide à l'intérieur des maisons. Lorsque le locataire a besoin d'un support plus spécialisé, les liens développés avec les ressources du milieu, au niveau de la santé mentale, de la toxicomanie ou de l'alcoolisme, permettent de supporter la personne dans sa démarche de stabilisation, sans qu'elle soit pour autant menacée de perdre son logement.(1991)

 

Le CLACS est une table de concertation de quartier dont le rôle consiste entre autres à prendre position sur les projets qui touchent au développement et à l'aménagement du quartier Centre-Sud. Le CLACS a produit en 91 un outil d'information dans lequel il expose les grandes lignes de l'approche qu'il préconise pour le développement de ce quartier.(ce document est gratuit) est une table de concertation de quartier dont le rôle consiste entre autres à prendre position sur les projets qui touchent au développement et à l'aménagement du quartier Centre-Sud. Le CLACS a produit en 91 un outil d'information dans lequel il expose les grandes lignes de l'approche qu'il préconise pour le développement de ce quartier.(ce document est gratuit)

CLACS, 1710 Beaudry, Montréal, H2L3E7

 

Alerte Centre-Sud est une coalition d'organismes communautaires du Centre-Sud qui édite un périodique intitulé La CRIEE d'Alerte Centre Sud

Groupe Conseil en Développement de l'Habitation

Habitations Communautaires du Centre-Sud

Atelier Habitation Montréal

 

FECHIM

Fédération des Coopératives d'Habitation de l'île de Montréal

La FECHIM est une coopérative de coopératives qui vient en aide à des coopératives en formation; elle a proposé avec les autres Fédérations et avec les Groupes de Ressources Techniques, un programme de développement au gouvernement du Québec. La FECHIM est elle-même affiliée à des groupes tels que la CQCH (Confédération québécoise des coopératives d'habitation), le FHCC (Fondation de l'Habitation coopérative du Canada) et le FRAPRU (Front d'action populaire en réaménagement urbain).Elle offre gratuitement à ses membres des renseignements et/ou des conseils téléphoniques, le bulletin Dernières Nouvelles, 4 fois par année, un centre de documentation de plus de 1000 brochures, un service d'assermentation ainsi que des services à un coût avantageux: un plan d'assurances complet et sécuritaire, 

plus de 30 ateliers de formation, un soutien régulier ou ponctuel à la gestion générale ou financière, un service juridique, des publications.

Confédération québécoise des coopératives d'habitation

Fédération des coopératives d'habitation de l'Outaouais

Fédération des coopératives d'habitation du Lac St-Jean

Fédération des coopératives d'habitation Montérégiennes

Fédération des coopératives d'habitation populaire des Cantons de l'Est

Fédération régionale des coopératives d'habitation de Québec

 

Comité Social

Le Comité Social est un organisme sans but lucratif regroupant sept groupes ayant pour but l'éducation populaire dans le quartier offrant tout un éventail d'activités et de cours (artisanat, couture, menuiserie, cuisine, jardinage, plein air, logement..). Inter-Loge Centre-Sud par exemple aide les habitants à s'approprier leur quartier en devenant propriétaires collectifs des maisons qu'ils habitent. Inter-Loge achète, administre et entretient des maisons, puis les revend à ses locataires regroupés en coopératives.

 

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Les Groupes de Ressources Techniques - GRT

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Les GRT sont des associations sans but lucratif qui offrent aux citoyens d'un quartier, et sous leur contrôle, des ressources professionnelles pour les aider dans leurs problèmes d'habitat. Les services proposés par les GRT sont très variés et vont de l'information à la gestion, en passant par la maîtrise d'oeuvre (voir l'article sur le CDH). En 1982 il y avait 38 GRT au Québec dont 11 à Montréal. En 1991 pour plusieurs raisons dont la nécessité de rentabiliser leurs équipes, ces GRT se sont regroupés et ont pris également de nouvelles dénominations. Implantés dans des quartiers souvent populaires, ils n'ont en général aucun lien avec la structure municipale. Ils se définissent dans un projet social comme l'outil d'une reprise du contrôle du milieu par les usagers, offrant des ressources techniques professionnelles qui leur seraient difficilement accessibles autrement. En 1984 un GRT sur deux offrait un service d'architecture, aujourd'hui du fait de problèmes avec l'ordre des architectes 8 seulement disposent seulement de ce service encore souvent de façon relativement autonome.

Les revenus des GRT proviennent des services offerts aux coop (6% du montant des travaux hors architecture) et aux OSBL (4%), de l'administration de certaines coopératives et enfin de la formation des membres.

AGRTQ Association des groupes de ressources techniques du Québec

 

GRT - Groupe de Ressource Techniques
AGRTQ - Association des groupes de ressources techniques du Québec - Ancrés localement, les GRT accompagnent les personnes désirant mettre sur pied un ensemble de logements communautaires sous forme de coopérative ou d’organisme sans but lucratif (OSBL). Les GRT agissent comme intermédiaires entre le groupe de locataires, les administrations publiques, les entrepreneurs en bâtiment et autres professionnels (architectes, notaires, ingénieurs). En plus d’offrir une aide technique, les GRT voient à former les résidants à prendre en charge la gestion de leurs nouveaux logements et à fonctionner en groupe.
http://agrtq.qc.ca/

 

Le RIL ou Regroupement Information Logement

Le RIL est lié à un des plus pauvres quartiers de Montréal situé à la pointe St Charles où près de 50% de la population vit de prestations gouvernementales. Il comprend en son sein un GRT, un Comité de Logement, une Société acheteuse qui gère environ 150 logements avec la garantie des communautés religieuses et enfin le Comité Requérant qui participe aux luttes de quartier et fait pression auprès des instances fédérales ou municipales.

On y développe plutôt des OSBL (organismes sans but lucratif) que des coopératives, car la plupart des gens sont incapables de se prendre en charge. Des comités de résidants sont créés pour essayer de résoudre les problèmes de voisinage et du quotidien et de responsabiliser les gens. 

Différences entre les formules COOP et OSBL

Les deux formules ont en commun que le profit individuel ne peut être recherché puisqu'il s'agit par définition, dans les deux cas d'organismes sans but lucratif. La différence tient plutôt dans la participation des membres à la gestion du projet.

La coopérative d'habitation (COOP) se caractérise par la double qualité de ses membres, qui sont à la fois propriétaires et locataires des logements, ainsi que par leur participation à la gestion collective de leurs logements.

L'organisme sans but lucratif (OSBL) loue les logements qu'elle possède à des personnes à faible ou moyen revenu ou à des personnes handicapées. La gestion de cet organisme est confiée à un conseil d'administration qui pourrait, à la rigueur, ne compter aucun résidant mais de qui il est exigé qu'au moins le tiers des membres soit élu par et parmi ses locataires.

 

Avantages des formules COOP et OSBL

Ces deux formules offrent les avantages suivants:

- elles permettent aux locataires de se porter collectivement acquéreur de leur logement

- elles associent l'ensemble ou une partie des locataires à la gestion de leur milieu de vie

- elles garantissent aux membres-résidants un contrôle sur l'évolution de leur loyer

elles offrent une meilleure sécurité aux locataires face aux évictions

elles contribuent, face au marché spéculatif, à la constitution d'un parc immobilier témoin non lucratif

elles diminuent d'autant la pression sur la demande de logements publics

elles contribuent à améliorer la qualité de l'habitat

 

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A la recherche de nouvelles avenues de développement

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André Poulin
Confédération québécoise des coopératives d'habitation

Après plus de 15 ans d'un développement basé sur l'utilisation de subventions gouvernementales, le secteur de l'habitation coopérative cherche à élargir son impact sur le marché du logement.

Suivant la formule actuelle, dite de "location simple", la mise de fonds du membre est minime et la capitalisation demeure collective. La réalisation des projets dépend du soutien financier de l'Etat et ne parvient à rejoindre qu'une clientèle restreinte.

Sans délaisser la démarche traditionnelle, qui a le mérite de venir en aide à de nombreux locataires à faibles revenus, le secteur de l'habitation coopérative souhaite offrir d'autres possibilités permettant d'amoindrir les contraintes qui découlent des interventions des gouvernements, tout en permettant à de nouvelles clientèles de bénéficier de la formule coopérative. Ces nouvelles clientèles sont les ménages qui ne sont pas admissibles aux programmes de logements sociaux mais qui, à cause de revenus insuffisants, n'ont pas accès à la propriété ou la copropriété.

Au mois de septembre 1989, la CQCH (Confédération québécoise des coopératives d'habitation) a organisé un forum regroupant les fédérations régionales et plusieurs GRT (groupes de ressources techniques) et portant sur le thème des "coopératives à capitalisation". Cette réflexion a permis de définir certaines balises devant guider l'élaboration de nouveaux types de coopératives d'habitation:

  • rendement limité sur le capital, de façon à restreindre la spéculation

  • maintien de la propriété collective des immeubles

Une recherche en cours, subventionnée par la Société Canadienne d'Hypothèques et logement, consiste dans un premier temps à répertorier les nouvelles formules de financement utilisées au Canada et à l'étranger. Dans un second temps, certaines hypothèses seront illustrées au moyen de simulations financières permettant de les comparer entre elles. L'étude définira dans un troisième temps, les modalités d'implantation et les impacts prévisionnels de ces formules sur les finances des coopératives ainsi que sur les structures et le fonctionnement des différents partenaires du secteur (coopératives de base, GRT, fédérations régionales et Confédérations).

 

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Des programmes d'aide destinés aux coopératives d'habitation

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Louis Ladouceur

Des divers programmes d'aide à l'habitation en vigueur au Québec, deux sont accessibles aux coopératives propriétaires de logements et reconnaissent trois types de projets:
- achat d'immeubles existants avec ou sans rénovation des logements
- transformation-recyclage d'immeubles non résidentiels
- construction de nouveaux logements

 

Programme de logement sans but lucratif privé

Ce programme administré par la SHQ (Société d'habitation du Québec), s'adresse à des ménages ayant des besoins impérieux en matière de logement, ceux qui doivent consacrer plus de 30% de leurs revenus pour occuper un logement convenable dans leur milieu. L'aide accordée aux projets retenus consiste en:

- un prêt de démarrage sans intérêt

- une subvention à l'exploitation (écart entre les coûts et les revenus) versée mensuellement aux coopératives bénéficiaires

- une subvention équivalent à un rabattement à 2% du taux d'intérêt du prêt hypothécaire, dans le cas de logements spéciaux destinés à une clientèle requérant un hébergement temporaire

- une assurance hypothécaire de la SCHL sans frais pour la totalité des coûts admissibles des projets

 

Programme de logement coopératif (COOP-PHI)

Ce programme est administré par la SCHL (Société canadienne d'hypothèques et de logement) et s'adresse aux coopératives d'habitation de type locatif ayant un projet dont au moins 15% des logements seront occupés par des ménages à faibles revenus et dont le loyer est subventionné par l'intermédiaire du Programme de supplément au loyer. Les modalités sont les suivantes:

. financement, jusqu'à 100%, des coûts d'immobilisation admissibles par l'entremise d'un PHI (prêt hypothécaire indexé) assuré par la SCHL, consenti par un prêteur privé et ayant une période prévue de remboursement de trente ans.

Les prêts hypothécaires indexés comptent une clause spéciale en vertu de laquelle les versements augmentent annuellement de 2% de moins que le taux d'inflation.

La coopérative bénéficie, de plus, d'une subvention annuelle accordée par la SCHL.

 

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Le Fonds alternatif de développement régional de l'habitation de Québec

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Il s'agit d'un regroupement, dans une même institution financière de placements, des coopératives et organismes engagés dans l'habitation coopérative. Le fonds étant également ouvert aux individus.

Les objectifs:

. donner la priorité au développement de nouveaux projets coopératifs et sans but lucratifs;

. éduquer les adhérents à la gestion de leurs épargnes;

. obtenir par es placements collectifs un rendement plus élevé sur les investissements

. pallier aux embûches et difficultés financières susceptibles de survenir;

. offrir rapidement des "prêts intérimaires" aux coopératives ;

. garantir éventuellement des prêts en 2° hypothèque

. assurer une aide rapide sous forme de prêts à court terme en période de chantier.

Le fonctionnement

Le Fonds alternatif de développement régional de l'habitation de Québec (FADRHAQ) dépose l'argent de ses adhérents à la Caisse populaire des travailleurs et travailleuses de Québec, il s'assure à la fois da la qualité du rendement et de la flexibilité requise pour son fonctionnement.

L'assemblée générale composée de 10 personnes (6 déléguées par la Fédération régionale des coopératives d'habitation, 4 des groupes de ressources techniques participant au Fonds) détermine les orientation du FADRHAQ et les critères d'admissibilité au fonds de garantie. Une coopérative d'habitation peut ainsi bénéficier du fonds de placement pour lequel l'adhérent perçoit un taux d'intérêt préférentiel, et du fonds de garantie formé par les placements déposés dans un compte d'épargne stable sur lequel la caisse verse un taux d'intérêt accru.

 

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La structure du mouvement canadien de l'habitation coopérative

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Le mouvement de l'habitation coopérative au Canada repose sur des principes démocratiques de sorte que chaque membre a le droit de vote au sein des organisations locales, régionales, provinciales et/ou nationale auxquelles il appartient directement. Les services fournis à chaque pallier sont complémentaires et l'ensemble forme une entité bien coordonnée ayant pour but de développer et de consolider l'habitation coopérative au Canada.

 

La fondation de l'habitation coopérative du Canada

La Fondation de l'habitation coopérative du Canada (FHC) est l'association des coopératives d'habitation permanentes sans but lucratif et leurs organisations de soutien. Le mandat de la Fondation consiste à appuyer le développement des coopératives d'habitation au Canada et à assurer l'exploitation viable de celles qui fonctionnent. Depuis 1968 la Fondation fournit un grand nombre de services, elle effectue des recherches et mène des activités de relations publiques au nom des coopératives et travaille en collaboration avec le gouvernement fédéral à l'établissement d'un programme de développement de formule sur le plan national.

 

Les Confédérations provinciales

Elles existent en Ontario et au Québec et agissent en tant qu'outils pour le partage d'information et la prise de mesures politiques à l'échelle provinciale sur des questions touchant le secteur.

En Ontario la Coopérative Housing Association of Ontario (CHAO) représente les groupes de ressources techniques, les fédérations de coopératives et les associations d'employés(ées), elle est membre de la Fondation.

Il en va un peu différemment au Québec où les groupes de ressources techniques sont regroupés autour de la Coordination nationale des GRT (la CNGRT), et les cinq fédérations de la Province autour de la Confédération québécoise des coopératives d'habitation (CQCH) avec simplement des liens informels entre elles. Ni l'une, ni l'autre n'est membre de la Fondation.

 

Les fédérations de coopératives d'habitation

Les fédérations de coopératives d'habitation sont des associations locales de coopératives d'habitation qui offrent aux membres des coopératives des ateliers de formation sur la gestion de leurs projets ainsi que des services de consultation. Elles fournissent également aux coopératives un forum pour partager l'information disponible et pour exercer des pressions politiques. Il existe actuellement dix-huit fédérations au Canada.

 

Groupes de ressources techniques

Les groupes de ressources techniques contribuent à organiser et à développer des coopératives d'habitation sans but lucratif à l'échelle locale et fournissent une aide technique spécialisée pendant toute la phase de développement. Plus de soixante groupes de ressources techniques (dont trente au Québec) sont membres de la Fondation.

 

Les coopératives d'habitation

Les coopératives d'habitation, pierre angulaire du mouvement, sont des corporations autonomes dans lesquelles chaque membre résidant a un droit de vote à chaque phase du processus décisionnel.

 

Les associations d'employés(ées)

Les associations d'employés(ées) sont des organisations de personnes embauchées par des coopératives d'habitation. Une seule est membre de la Fondation la Co-Action à Toronto.

 

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Manisfeste des coopératives d'habitation

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(ce Manifeste des coopératives d'habitation a été adopté par les représentants des coopératives réunis à Sherbrooke en 1977.)

Le but du manifeste est d'énoncer des valeurs et des principes de base communs aux coopératives d'habitation qui serviront de référence à toute action relative au mouvement coopératif en habitation.

1. Une saine politique d'habitation doit reconnaître le droit de tous au logement et appliquer ce droit dans les fait pour satisfaire les besoins de tous en matière d'habitation plutôt qu'à favoriser du profit pour quelques personnes.

2. Pour répondre aux besoins des gens en matière de logement et favoriser des rapports humains et sociaux égalitaires tout en favorisant la prise en charge par chaque individu de son droit de se loger convenablement, nous préconisons le développement d'un authentique mouvement de coopération dans le secteur de l'habitation.

3. Un mouvement coopératif en habitation doit permettre à tous d'avoir accès à un logement convenable, à un goût convenable. Un mouvement coopératif en habitation doit toujours reposer sur l'initiative des membres eux-mêmes, respecter et favoriser la participation active et le contrôle par les membres des projets particuliers et du mouvement dans son ensemble. Une habitation coopérative doit constituer et demeurer une propriété collective, qui ne cherche pas l'accumulation individuelle de capital, mais plutôt l'accumulation d'un capital collectif.

4. Le mouvement coopératif en habitation doit éduquer et former ses membres et élargir leurs horizons aux autres dimensions et problèmes de leur quartier et de la société.

5. La coopérative dans le domaine de l'habitation n'a de sens et d'avenir que si les divers projets s'unissent au niveau régional et national, afin de permettre des échanges enrichissants entre les coopératives et de promouvoir et défendre les principes garantissant le développement harmonieux et authentiquement coopératif du mouvement.

 

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A la recherche d'une formule alternative de coopérative d'habitation

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Le 22 septembre 89 se tint à Montréal un Forum organisé par la CQCH sur ce thème, au cours duquel différents modèles alternatifs expérimentés au Canada ont été présentés. Si tout le monde s'accorde à penser que le modèle de coop actuel offre de nombreux avantages financiers, il n'est pas moins vrai que le souhait d'un grand nombre de membres potentiels serait de trouver un modèle qui permette de financer des projets en assurant un rendement au participant.

Les objectifs du mouvement coopératif au cours des dernières années ont été de fournir des logements de bonne qualité à un prix raisonnable, de se situer entre le capitalisme et le socialisme et de préserver le parc de logements existants. Toute démarche future est-il précisé, doit prendre ces objectifs de base en compte. L'idée est d'arriver à une solution qui permette une plus value raisonnable des capitaux tout en évitant la spéculation.

 

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Maison de chambres

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"Qui demeure chez qui?"

1987 a été proclamé Année internationale du logement des sans-abri

"Soeur Colette Tardif, directrice de la la Maison Marguerite, un abri pour femmes seules, affirme qu'il pourrait y avoir jusqu'à 20 000 sans logis à Montréal dont 5 000 seraient des femmes"

"Le Chaînon, l'un des plus importants abris pour femmes, a logé 431 femmes pour de courtes périodes. Il a fallu, cependant, en refuser 2 929 non seulement à cause du manque d'espace mais aussi parce que 633 d'entre elles avaient des problèmes trop sévères pour que le personnel puisse s'en occuper"

"Il y a 672 maisons de chambres à Montréal et il n'y en a que vingt deux qui satisfont aux exigences de sécurité demandés par la Ville"

 

Le 1069 de la rue MacKay est une maison de pierre grise à deux étages construite peu avant 1900. Depuis les pensionnaires s'y sont continuellement succédés jusqu'à ce que le bâtiment ait été abandonné en 1985 après que la "fournaise" tomba en panne, que la tuyauterie gela et que le toit commença à s'écrouler. Le bâtiment vide inquiétait le voisinage; on parlait de risques d'incendie, d'évictions généralisées et de démolition des structures environnantes. Au cours de l'été 1986, la direction de la maison accorda la permission d'organiser une exposition dans la propriété abandonnée. Cette exposition avait plusieurs buts: la maison acquerrait un caractère positif dans l'esprit des résidents du quartier; attirer l'attention du public sur la situation de crise permanente de l'habitation en milieu urbain; les gens pourraient voir un important exemple d'architecture historique en voie de disparition; et enfin servir à créer un sentiment d'unité entre les locataires à faible revenu, les artistes et d'autres groupes ou individus de la ville.

 

Quatorze artistes, huit femmes et six hommes, de milieux culturels très variés, ont accepté de participer à cette exposition. Le sentiment de peur, les espoirs, les désirs et les besoins des résidents du quartier en constituent la trame essentielle afin d'atteindre et d'émouvoir les visiteurs aux conditions de vie de tous ceux qui se retrouvent dans la même situation d'impuissance. Chacun d'eux disposait d'une chambre particulière renforçant leur identité avec les locataires. Pour conserver l'impression générale dégagée par la maison et pour souligner l'individualité de chaque artiste et par extension celle des anciens pensionnaires, les couloirs ont été laissés dans l'état dans lesquels ils se trouvaient.

 

L'exposition état financée par les artistes participants. Elle attira 800 visiteurs et la presse, la radio et la télévision en ont assuré une bonne couverture. Cependant, les revues d'art établies ont choisi de l'ignorer! Le journal La Presse publiait un article intitulé "maison de chambres, art et politique" ainsi qu'une photo de l'extérieur de la maison. L'article décrivait l'exposition comme un exemple d'art capable d'attirer l'attention sur un problème social sérieux.

Le matin suivant, un inspecteur de la construction vérifia les sorties de secours, le permis de la maison, s'assura qu'il n'y avait pas de squatters et que les oeuvres d'art n'étaient pas en vente. Dans l'espace d'une semaine, sept autres inspecteurs visitèrent la maison. Après l'expo le propriétaire demanda un permis de démolir pour cette maison et neuf autres adjacentes. 84 locataires à faible revenu étaient concernés. Le 16 novembre, 60 locataires et artistes se réunissaient sous une bannière sur laquelle on demandait de "sauver nos foyers". Le 23 décembre la ville refusait le permis de démolition. Le 1er mars 1987, les locataires furent informés que les propriétés avaient été vendues à une société qui avait également acheté tous les immeubles du bloc. L'avenir des logements à loyer modique dans ce secteur est incertain.

 

La pauvreté change de visage à Montréal

C'est le son de cloche que faisait entendre récemment l'Office municipal d'habitation de Montréal. L'office note une transformation importante dans les types de ménages qui composent "sa clientèle". Remplaçant en importance les personnes âgées et les familles biparentales, on a maintenant 62% des requérants-e-s et 40% des locataires qui sont des femmes seules de 45 ans et plus ou des familles monoparentales dirigées par une femme.

Ces chiffres révèlent encore une fois combien la pauvreté "a un sexe": les femmes, seules ou avec des enfants, comptent pour une part de plus en plus importante parmi la population à faible revenu...

 

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COOP  - Nouvelle société ou machine à vendre?

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L'absence de mémoire

Le développement des coopératives d'habitation ne s'est pas fait de façon harmonieuse, au sens où chaque étape constituerait une nouvelle avancée fondée sur les acquis antérieurs. Le secteur coopératif s'est développé par ruptures successives avec son passé, cherchant constamment une piste, un créneau, qui lui assurerait une présence significative sur le marché du logement (voir le chapitre consacré à l'historique du mouvement coopératif). On pourrait se pencher longuement sur cette absence de mémoire collective ici au Canada mais d'ailleurs également en Europe et en France en particulier (expérience des Castors et de l'habitat autogéré...).Si quelques milliers de logements ont bien été réalisés, ils ne constituent qu'un pourcentage peu significatif sur l'ensemble du marché immobilier.

 

L'organisation des citoyens

C'est en 1963 dans un quartier du sud-ouest de Montréal que se forme le premier comité de citoyens québécois. Inspiré par le travail social communautaire américain, ces travailleurs sociaux amorcent un travail de regroupement et de conscientisation des populations des quartiers défavorisés. Ces comités avaient pour objectif de donner une voie aux "sans voix", à ceux qui en démocratie libérale, ne peuvent pas faire valoir leurs droits. Ils deviennent rapidement des groupes de pression dont les exigences portent davantage sur les mécanismes de prise de décision que sur les finalités de la société de consommation. Les discours se radicalisent à la fin des années 60, en même temps qu'on voit apparaître des groupes politiques gauchistes et des organisations de services auto-gérés par les citoyens. La radicalisation du discours politique des comités de citoyens se traduisit par une dénonciation du soutien des autorités gouvernementales à la logique capitaliste du développement de l'espace urbain.

 

Les années 70 sont marquées dans les organisations populaires par la présence de groupes marxistes-léninistes militant à la fois sur le front du travail en usines et dans les organisations syndicales et sur le front des conditions de vie. Le sabordage des deux plus importantes organisations (la Ligue communiste et En Lutte) marque la fin d'une période. Bien des militants ont vieilli et sont désabusés de l'action revendicative sinon de l'action politique. Mais leur action n'a pas été vaine, ils ont provoqué une prise de conscience collective des enjeux urbains, des projets officiels grandioses ont échoué (lire la Coop du Bon Pasteur). L'action des comités de citoyens a produit un autre type de militants davantage préoccupés par l'organisation de services pris en charge par la population. Celles-ci sont concentrées dans le secteur alimentaire (coopérative de consommation), les services socio-médicaux, l'éducation. Une de leur principales caractéristiques est d'avoir un mode de fonctionnement fondé sur la participation des membres. Ces groupes seront imités, au moins dans leur mode de fonctionnement, par de nouveaux groupes, plus jeunes, plus instruits, qui développeront des acivités nouvelles plus conformes à leurs aspirations (éducation non-autoritaire des enfants, logement communautaire, alimentation naturelle...).

 

Comme de note Babriel Gagnon:

"Alors que le mouvement national dispute au gros du mouvement syndical le contrôle de l'Etat, les deux s'unissant dans un même modèle culturel technocratique, le "mouvement populaire" s'oppose à l'Etat et au syndicalisme ou cherche carrément à s'en passer"

 

Le mouvement coopératif n'est pas uniforme

Les coopératives existantes montrent des expériences différentes mais une même implication des membres dans un effort collectif de prise en charge de leur habitat. S'ils ne sont pas "auto-constructeurs" comme les anciens, ils investissent des énergies considérables dans des travaux de restauration et ils sont également promoteurs de leur projet au sens où ils doivent rassembler tous les éléments juridiques, financiers et administratifs pour le réaliser.

Les coopératives présentent des caractéristiques communes au niveau de leur structure juridique et leur mode de propriété même si on essaie aujourd'hui d'expérimenter de nouvelles formules. Mais elles se distinguent les unes des autres par l'importance qu'elles accordent à trois facteurs: le fonctionnement démocratique, la vie interne du groupe et l'ouverture sur le quartier et la société.

 

Le fonctionnement démocratique

Les pratiques de certains groupes sont plus proches de la délégation de pouvoirs que de l'autogestion, d'autres ont un fonctionnement démocratique qui va au-delà des exigences de la législation coopérative en vigueur.

 

La vie interne du groupe

On peut ne partager qu'un espace en prédominant nettement la vie privée de chacun ce qui n'exclut pas l'échange de petits services quotidiens. Des groupes élaborent leur coopérative en situant leur action autour de la famille monoparentale, d'autres autour de la famille biparentale.

Le mouvement coopératif en habitation a rarement conçu ses interventions comme une autocréation d'un espace de vie communautaire. Tout au plus, a-t-il mis en oeuvre des moyens pour que ses membres assurent la gestion de leurs logements et organisent des acticités sociales, ce qui est une distinction importante et un acquis en tout état de cause par rapport au secteur privé. Si les pratiques coopératives autogérées constituent l'apprentissage et l'exercice d'une liberté, elle auront encore à lutter pour la défendre et la garder. Le système coopératif permet en tout cas des projets très variés.

 

L'habitat coopératif autogéré

Avec l'habitat autogéré (coopératif ou non) nous passons à un autre stade où les membres définissent leurs projets d'habitation et leur projet de vie en commun. Les expériences québécoises vont dans ce sens.

L'habitat coopératif autogéré est reconnaissable à 6 critères:

- un statut juridique coopératif

- la propriété collective des logements

- un fonctionnement démocratique qui associe tous les membres aux décisions importantes

- un projet de vie communautaire

- des relations avec d'autres coopératives autogérées d'habitation

- une implication dans les transformations de l'environnement immédiat

 

Sources:

Vivre en coop au Québec, étude réalisée par Yves Hurtubise pour le Centre de soutien à l'action et au développement

 

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Les CO-OP aux Etats-Unis

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HOUSING IS FOR PEOPLE

L'habitat, c'est pour les gens

C'est ainsi que débute un rapport de la Fondation pour l'habitat coopératif (The Cooperative Housing Foundation) décrivant sa philosophie et ses activités à travers le pays et sur d'autres continents. Cette organisation se veut promouvoir des coopératives d'habitation qui permettent à des personnes à faible revenus d'acquérir en quelque sorte un droit d'habiter décent en faisant référence à la charte de 1968 (Housing Act) qui stipule que chaque famille américaine a droit un un habitat décent et un environnement agréable. Le développement de coopératives d'habitations sous entend à l'égard des habitants la stimulation de pratiques participatives aux décisions et l'auto-gestion de leur habitat. Le logement est considéré comme le lieu privilégié de l'éclosion de la cellule familiale de base.

 

CHF a ainsi sponsorisé et développé ces 40 dernières années aux Etats-Unis plus de 70 000 logements contrôlés par les comités de coopérateurs. Dans les pays du tiers monde, CHF a apporté dans ce même laps de temps assistance et éducation aux organisations locales pour la réalisation de plus de 140 000 unités d'habitation. Ces projets obtiennent le concours de la Banque Mondiale, de l'Organisation des Nations Unies et de l'Agence Américaine pour le Développement International. CHF International, Inc. intervient ainsi dans une quarantaine de pays. La plupart des réalisations se font en adoptant les règles propres aux coopératives d'habitation et en favorisant l'auto-construction.

 

Pour les Etats-Unis, CHF prévoit un développement important du mouvement coopératif dans les années 90, car il va répondre aux besoins de beaucoup d'américains qui ne pourront plus se payer une maison individuelle isolée. La forme coopérative est particulièrement attractive pour les personnes âgées de plus en plus nombreuses. Elle est également, d'après CHF, adaptée à la phase de rénovation des habitations qu'il va bien falloir entreprendre pour préserver le stock existant.

 

The Cooperative Housing Foundation

2501 M Street, N.W., Suite 450, Washington D.C. 20037

 

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Community Design Center ou CDC

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Violence et pauvreté aux Etats-Unis

un contexte préoccupant

 

Community Design Centre
CDC is a nonprofit organization whose mission is to make East Tennessee a better place to live and work by bringing professional design and planning assistance to community groups and non-profit organizations. The Community Design Center offers its services through the pro bono contributions of area architects, landscape architects, planners and other professionals
http://www.communitydc.org/

 

En 1989 (derniers chiffres officiels) le taux de meurtre aux Etats-Unis a été de 8,7 pour 100 000 habitants (71,9 pour 100 000 habitants à Washington et 25,8 à New-York). Un noir parmi les jeunes de 15 à 24 ans a plus de chance d'être tué qu'un soldat américain n'en avait pendant la guerre du Vietnam. Il y a eu 207 610 viols ou tentatives de viol (un pour mille habitants) en 1991, soit une augmentation de 60% par rapport à 1990. Le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté est passé de 31,5 à 33,6 millions de personnes (soit plus de 15% de la population entre 1989 et 1990. En 1990, 12,7 millions d'enfants (un enfant américain sur cinq) vivaient sous ce seuil. Près de la moitié des enfants pauvres sont noirs. Quelque 37 millions d'Américains, dont la majorité a un emploi, n'ont pas d'assurance médicale, laquelle n'est fournie par l'Etat qu'aux pauvres et aux personnes âgées. En 1988, 26% des enfants sont nés de mères célibataires (64% chez les noirs). Le nombre d'analphabètes se situe entre 20 et 27 millions de personnes (13% de la population adulte). (Le Monde du 21 avril 1992).

 

Et de fait l'écart entre les riches et les pauvres s'est encore accentué ces dernières années. La clochardisation d'une importante proportion de la population a gagné les centres villes et les démunis agglutinés en grappes sur les trottoirs ou assis à même le sol sont les spectateurs renfrognés d'une certaine Amérique minoritaire et opulente se déplaçant, incognito, en limousine aux vitres teintées. Mais les américains sont également très pragmatiques et beaucoup restent attachés à un idéal d'entraide qui les amène à agir sur le terrain tant bien que mal au sein d'une multitude d'organisations caritatives (des fondations, des associations religieuses comme l'Armée du Salut, etc..).

Les Community Design Centers de ce point de vue en sont révélateurs de ce point de vue dans le domaine du droit au logement pour tous. Leurs actions sont remarquables même si elles n'ont pas la prétention de vouloir changer le monde, car elles essaient d'impliquer au maximum tous ceux qui souhaitent s'en sortir. Les réalisations saupoudrées dans les quartiers difficiles sont autant de germes d'un changement plus radical envisageable à long terme.

 

Les CDC en lutte sur le front du logement

Un Community Design Center pourrait se traduire comme un atelier d'architecture et d'urbanisme au service des communautés locales. Comment le définir plus précisément?

- le CDC intervient sur l'environnement public à travers des démarches participatives

- le CDC s'adresse aux petites communautés de voisinage pour le bénéfice des habitants

- le CDC établit des démarches sur les plans politique, économique et social en faveur de populations dépendantes ou désavantagées.

 

La pratique du CDC s'exerce dans l'enseignement, la recherche et l'élaboration de projets communautaires. Les liens entre l'Université et les écoles en architecture et les CDC sont souvent formalisés, ce qui permet de bénéficier d'un background théorique en architecture et en urbanisme en relation avec les sciences sociales et économiques en particulier et ce qui maintient également chez les étudiants une prise de conscience minimale des réalités de leur pays (community design studio est un cours organisé dans les Ecoles d'Architecture).

 

Le label CDC hier et aujourd'hui

Le chemin parcouru apparaît long dans une période de temps relativement courte d'une vingtaine d'années. Le concept du CDC est basé sur un idéal de démocratie qui a émergé en réaction aux outrages à la morale perçus par des professionnels de l'environnement. Ils proposèrent d'améliorer le milieu urbain à travers un processus de participation démocratique à l'encontre de tous les citoyens. Les années 60 virent la mise en pratique de ces idées à ces nouveaux "clients" que sont les pauvres, en leur apportant un appui à leur cause - advocacy planning - et en essayant de modifier les rapports de force existants. Ces designers sociaux commirent pas mal d'erreurs, surtout d'ordre politique, mais ils découvrirent également que leur clientèle se satisfaisait plus de plans qui répondaient bien à leur demande que de principes démocratiques de haut vol. Les CDC de ce fait devinrent peu à peu de plus en plus pragmatiques.

 

Est-ce un succès pour autant?

Si le succès est mesuré dans la capacité des CDC de modifier les rapports de force d'ordre politique et économique, alors il est resté très relatif. Si par contre on prend en compte les réalisations élaborées par les CDC, alors le succès peut être considéré comme tout a fait honorable. Le chiffre d'affaire traité annuellement par les 80 CDC à travers le pays dans les années 70 s'élevait à plus d'un million de dollars. Maintenant le succès relatif à l'émergence d'une prise de conscience collective pour les processus participatifs et la capacité d'analyser les problèmes quotidiens à travers ceux existants dans un contexte plus large, reste probablement impossible à vérifier même s'il paraît important.

 

Les politiciens pensaient durant l'ère Reagan que les problèmes liés à la pauvreté n'étaient que passagers et que la croissance gommera bien un jour les inégalités sociales. Depuis sous Bush il a bien fallu se rendre à l'évidence que le nombre des démunis ne faisait que s'accroître. Reagan ayant supprimé les aides fédérales, se sont les municipalités, les Etats et les Fondations qui ont dû prendre le relais pour développer des actions en faveur des sans-abris et de toute personne en difficulté d'insertion comme des entreprises sans but lucratif spécialisées pour la réalisation de centres de transition, des habitations permanentes pour les sans abris.

Les CDC ou Community Design Centers s'inscrivent dans ces actions. En 1984 ils étaient au nombre de 60, aujourd'hui on en dénombre plus qu'une trentaine à travers les Etats-Unis, mais ils se sont réorganisés et répondent à un éventail de problèmes plus large.

 

Evolution de 3 CDC entre 1984 et 1991

LACDC à Los Angeles

Le Community Design Center de Los Angeles est une association sans but lucratif qui dans les domaines de l'architecture, du développement de logements, travaille avec d'autres associations communautaires pour réaliser des projets dans des quartiers à fort taux de pauvreté. Depuis 1968 le CDC a ainsi apporté une assistance technique à plus de 400 communautés pour la réalisation de centres pour enfants, de cliniques, de maisons pour personnes âgées, de plaines de jeux, d'abris pour les sans-abris et de logements pour les personnes à faible revenu. Des ateliers sont organisés pour les associations qui peuvent y apprendre le montage des opérations qu'elles souhaitent monter. Le CDC organise et coordonne également le financement des projets à travers un fonds national (National Equity Fund) en négociant des aides fédérales et de l'Etat.

 

Au Conseil d'Administration siègent des architectes, des constructeurs de logements sociaux, des représentants d'organismes de prêts. LACDC fonctionne avec un directeur, trois administratifs, quatre architectes et six personnes chargées de la coordination.

 

Quelques réalisations:

- Centenial place: réhabilitation d'un YMCA avec 144 chambres pour des travailleurs célibataires à faibles revenus.

- Fountain avenue: réhabilitation d'un bâtiment de 28 appartements pour célibataires et personnes âgées.

- El rescate shelter: reconversion d'un bâtiment abandonné en refuge pour les sans-abris

- Skid row transition house: réalisation d'un centre de transition pour 130 personnes en vue de les préparer à vivre à  nouveau dans des logements décents.

 

 

CDC à San Francisco

Le CDC de San Francisco, avec Chuck Turner à la tête de son équipe, est resté conforme aux idéaux qui ont été à la base de sa création en 1968 à l'initiative d'un enseignant du département d'architecture à UC Berkeley Claude Stoller. Ce CDC fonctionne ainsi comme un service public de l'Université de Berkeley (University of California, Berkeley) qui avec quelques organismes locaux assure les subsides à son fonctionnement.

Leur travail a toujours eu pour objectif d'être à la hauteur de la valeur et de la dignité des personnes qu'ils souhaitaient servir. Cinq personnes assurent l'assistance aux associations dans leurs entreprises.

 

Par exemple

- The Chinese Playground: réalisation d'un vaste espace de jeux et de récréation dans le quartier chinois de SF en impliquant une grande partie de la population concernée: on organisa au préalable des réunions d'informations en démystifiant la conception architecturale et le mode décisionnel habituel et en organisant des ateliers de design dans lesquels on inventa ensemble le contenu de cet espace.

- Asian Neighborhood Design's furniture building program: éducation des personnes vivant seules à mieux organiser l'agencement de leur chambre en définissant avec eux un mobilier mieux adapté à leurs besoins.

- Child care workshop: réalisation de nombreuses garderies d'enfants reflétant un esprit communautaire

CDC Chuck Turner
1663 Mission St., suite 520
San Francisco, CA 94 103 Tél: 415/863-0730

 

CDC ou Environmental works à Seattle

Après vingt années d'existence, EW est devenu une des plus grandes organisations aux Etats-Unis. EW intervient dans un grand nombre de domaines, comme: des services sociaux, des cliniques, des petites entreprises, des centres pour personnes âgées, des services de jour, etc... Les actions sont souvent menées à l'initiative de la municipalité avec le concours d'autres organisations sans but lucratif et avec l'aide de l'Eglise ou de sponsors. La Ville propose par exemple des terrains sur lesquels peuvent être édifiés des bâtiments construits par des volontaires issus de différentes communautés. On essaie de multiplier les petites opérations dans chaque îlot plutôt que d'entreprendre de grands projets difficiles à gérer. EW interviendra ainsi aussi bien pour la réalisation d'une laverie communautaire, qu'un restaurant bon marché, qu'un espace de jeux pour la communauté chinoise.

 

Quelques exemples:

- Broadview emergency shelter: un refuge pour des mères avec leurs enfants

- Seattle youth and community services: un bâtiment pour adolescents sans domicile

Vietnam veterans' residence: une résidence pour six vétérans de Vietnam devenus des clochards.

- Northwest aids foundation expansion: aménagement d'un entrepôt pour des personnes atteintes  du Sida

- Pinehurst childcare center: réalisation d'une série de parcs de jeux pour les enfants dans des zones à population à bas revenus

- Apex Belltown Cooperative: cet hôtel a té transformé en coopérative d'habitation par les membres de la Co-op et avec le concours de EW. La moitié des résidents ont plus de cinquante cinq ans et vivent pour la plupart seuls. Des locaux communautaires ont été aménagés à chaque niveau. Le carrelage des salles de bain est composé de petits morceaux récupérés à bas prix qui forment une prodigieuse mosaïque...

 

si vous passez par New York: visitez le
Pratt Institute Center for Community & Environmental Development
275 Washington Avenue Brooklyn, NY 11205

texte élaboré à partir des contacts établis sur place et du cours de Mary C. Comerio intitulé "Big Design, Little Design Community Design"à l'Université de Berkeley.

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